Nouvelle polémique en relation avec l’islam et les musulmans en France. L’enseigne française Décathlon, spécialisée dans la vente d’équipement sportif, a provoqué de vives réactions après avoir annoncé la commercialisation d’un « hijab de running », destiné principalement aux femmes sportives de confession musulmane, rapportent plusieurs médias français.
Alors que l’équipementier américain Nike commercialise déjà un « hijab sportif pour femme », Décathlon avait annoncé la mise en vente dans les prochaines semaines en France de cet accessoire « initialement développé et commercialisé au Maroc, à la demande de pratiquantes locales de course à pied ».
Appels au boycott
« Nous assumons complètement le choix de rendre le sport accessible pour toutes les femmes dans le monde. C’est presque un engagement sociétal, si cela permet à des coureuses de pratiquer la course à pied, nous l’assumons avec sérénité », avait initialement affirmé Xavier Rivoire, responsable de la communication externe de Decathlon.
Mais la décision de Décathlon a suscité les critiques de plusieurs personnalités politiques de tous bords, avec à la clé des appels au boycott de la marque. « Décathlon se soumet également à l’islamisme qui ne tolère les femmes que la tête couverte d’un hijab pour affirmer leur appartenance à la oumma et leur soumission aux hommes. Décathlon renie donc les valeurs de notre civilisation sur l’autel du marché et du marketing communautaire », a dénoncé Lydia Guirous, porte-parole du parti Les Républicains (ex-UMP, droite).
« La société française, c’est une société qui dans sa tradition refuse qu’on couvre le visage et le corps humain à l’excès », a déclaré quant à lui le centriste François Bayrou. Selon le président du Modem, « l’image de la femme en France, c’est une image de liberté ». La présidente du groupe PS (Parti socialiste, gauche) à l’Assemblée nationale ainsi que le président de Debout la France (extrême droite) avaient pour leur part appelé au boycott de l’enseigne et demandé que le produit soit retiré. « J’ai deux filles et je n’ai pas envie qu’elles vivent dans un pays où la place des femmes dans la société régresse comme en Arabie saoudite », est même allé jusqu’à dire Dupont-Aignan.
Le gouvernement divisé
La polémique a assez enflé pour faire réagir le gouvernement français. « Je ne pense pas que ça soit interdit par la loi, cependant c’est une vision de la femme que je ne partage pas évidemment, a répondu la ministre de la Santé. Si on souhaite l’égalité femmes-hommes, ce n’est pas pour que les femmes cachent leur visage. Je trouve que ça ne correspond pas bien aux valeurs de notre pays », a estimé la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, ajoutant qu’elle aurait « préféré qu’une marque française ne promeuve pas le voile ».
La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, s’est toutefois positionné en faveur de la décision de Décathlon. « Sur le sujet de la laïcité, référons nous toujours au droit en vigueur. Et gardons comme seule boussole le respect du cadre républicain », a déclaré la ministre française. « Je veux aller chercher les femmes, les mères, les jeunes filles partout où elles sont et comme elles sont, les encourager à la pratique du sport car c’est, j’en suis convaincue, un levier puissant d’émancipation », a affirmé Mme Maracineanu.
Cible d’une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux et dans ses magasins, Décathlon a finalement décidé ce mardi de suspendre pour l’heure la commercialisation de son « hijab sportif ». « Le produit ne sera pas, jusqu’à nouvel ordre commercialisé en France », a annoncé Xavier Rivoire, directeur de la communication de Decathlon.
« Pour assurer l’intégrité et la sécurité de nos propres équipes, nous confirmons, effectivement ce soir, que ce produit, jusqu’à nouvel ordre, ne sera pas commercialisé en France », a ajouté le responsable. L’équipementier avait en parallèle affirmé sur les réseaux sociaux faire l’objet d’une « vague d’insultes et de menaces sans précédent Notre service client a reçu plus de 500 appels et mails depuis ce matin. Nos équipes dans nos magasins ont été insultées et menacées, parfois physiquement », a affirmé Décathlon.