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France : polémique autour de la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

Le Premier ministre israélien est attendu en France mardi soir pour inaugurer à Paris l’exposition « Israël@Lights » dans le cadre des « Saisons Croisées France-Israël » organisées à l’occasion du 70e anniversaire de l’État d’Israël. Cette visite – la troisième de Benjamin Netanyahu depuis l’élection d’Emmanuel Macron – fait l’objet de vives critiques.

Officiellement, cette visite est l’occasion de « montrer la vitalité de la relation bilatérale dans les domaines culturels et scientifiques, de marquer une nouvelle étape dans les relations économiques et de renouveler le regard que portent les Français sur Israël et les Israéliens sur la France ».

Mais en coulisses, cette rencontre entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu sera surtout l’occasion d’aborder les dossiers chauds du moment : l’accord nucléaire iranien, le conflit syrien et la situation dans les territoires palestiniens.

Un contexte tendu

Il faut dire que pour la présidence française, l’inauguration de cette manifestation culturelle – prévue de longue date – se déroule dans un contexte tendu. Depuis le 30 mars, plusieurs dizaines de Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne et de nombreux autres blessés, lors de manifestations marquant “La Marche du Retour”, qui vise à dénoncer le blocus israélien et à revendiquer le droit des Palestiniens à regagner leurs terres.

Illustration de l’embarras français : l’annulation il y a quelques jours du déplacement du Premier ministre Édouard Philippe en Israël et dans les territoires palestiniens, prévu les 31 mai et 1er juin. Officiellement, « pour des raisons d’agenda intérieur lié au travail gouvernemental des prochains jours », selon Matignon.

Paris s’essaye dans le contexte actuel à un numéro d’équilibriste afin de ménager les susceptibilités des différentes parties prenantes. Si Emmanuel Macron a condamné mi-mai les « actes odieux » commis par Israël contre des manifestants palestiniens dans la bande de Gaza, il a également tenu à se défendre de toute complaisance. « Sur ce point, je suis très clair : la France a condamné ces actes odieux – et ces victimes civiles – qui ont été commis en particulier sur la journée de lundi et en réalité encore dans les dernières heures », a-t-il déclaré le 17 mai. « De la même façon, la France a appelé à des manifestations pacifiques et a condamné avec beaucoup de fermeté tous les propos tenus par le Hamas et l’ensemble des mouvements qui ont mis en danger la sécurité d’Israël ».

Mauvaise presse dans l’opinion

Cette visite du Premier ministre israélien se déroule également en France dans un contexte où l’État hébreu a mauvaise presse dans l’opinion. Selon une étude de l’Ifop publiée mi-mai, commandée par l’Union des étudiants juifs de France et réalisée les 2 et 3 mai, 57% des Français ont une mauvaise image d’Israël et 69% du sionisme.

L’enquête rapporte également que ce sont les jeunes (76% des 18-24 ans) qui ont la perception la plus négative de l’État hébreu. En outre, 71% des sondés dans le cadre de cette étude estiment qu’Israël « porte une lourde responsabilité dans l’absence de négociations avec les Palestiniens ».

En outre, trois syndicats de journalistes – le Syndicat national des journalistes (SNJ), le SNJ-CGT et la CFDT journalistes – ont protesté ce lundi contre la venue de Benjamin Netanyahu. Ils jugent ainsi « inconcevable » cette visite, et appellent le président français à lui « demander des comptes ». « ll faut que cesse la répression contre les civils désarmés, contre nos confrères palestiniens et que tous les journalistes arrêtés et incarcérés soient libérés », écrivent-ils.

Il y a deux semaines, 80 personnalités, dont le cinéaste Jean-Luc Godard, avaient appelé au boycott de l’événement culturel « Saisons Croisées France-Israël » qui débute en juin pour s’achever en novembre. « Pour nous, musiciennes, écrivains, cinéastes, metteures en scène, comédiens, techniciennes, plasticiennes, photographes, dessinateurs, danseurs et danseuses, cette initiative, sous couvert de promouvoir le dialogue et l’échange, est en réalité l’un des moyens mis en œuvre par le gouvernement israélien pour redorer le blason de l’État d’Israël, passablement terni par sa politique chaque jour plus dure à l’encontre des Palestiniens et son statut de start-up nation du sécuritaire », écrivent-ils dans une pétition.

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