Les prises de positions du recteur de la Mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz sur l’ancien directeur de Charlie Hebdo Philippe Val, et la juriste et candidate insoumise aux élections européennes Rima Hassan irritent la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).
Dans un communiqué publié sur son site internet mercredi 23 mai, la Licra a avoué avoir pris connaissance avec « stupeur » des déclarations du recteur de la Mosquée de Paris sur Philippe Val qui a affirmé son islamophobie dans un entretien au Figaro. « Oui, je suis islamophobe », a-t-il dit dans les colonnes du journal de droite.
En dépit de cette affirmation claire, la Licra n’y a pas vu une atteinte aux musulmans dans un contexte de montée en puissance de l’islamophobie en France sur fond de la guerre à Gaza.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris en considérant que les propos de Philippe Val sont « dangereux » et « irresponsables » « Affirmer ouvertement son islamophobie, une haine irrationnelle d’une religion entière, est non seulement irresponsable mais également dangereux », a-t-il samedi 18 mai sur X.
La Licra défend Philippe Val et critique Rima Hassan
La Licra ne voit pas dans les propos de Val un caractère islamophobe et a défendu le journaliste au nom de la liberté d’expression. La Licra, a-t-elle écrit dans le communiqué, « assure Philippe Val de tout son soutien et réaffirme sa défense inconditionnelle de la liberté d’expression dans le cadre établi par la loi. »
La Licra s’en est pris aussi à Hafiz pour avoir a reçu la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, mercredi 22 mai à la Grande mosquée de Paris.Cette organisation a exprimé son « profond étonnement » de la réception « enthousiaste » de Rima Hassan par le recteur de la Mosquée de Paris.
La Licra reproche à la bête noire de l’extrême droite et des pro-Netanyahu en France de défendre des « positions propalestiniennes radicales sur la guerre Israël-Hamas ».
Pour acter ses divergences avec la Grande mosquée de Paris, la Licra annonce que la convention de partenariat qui l’a lie à la plus importante institution musulmane en France qui est arrivée à son terme le 19 mai dernier est « devenue caduque ».
La réponse de la Grande Mosquée de Paris à la Licra ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié sur son site internet ce vendredi 24 mai, l’institution « désapprouve entièrement les accusations émises à son encontre par la Licra ».
Sur Philippe Val, le recteur de la Mosquée de Paris tient à rappeler que la « libre critique des idées et des convictions n’autorise pas l’essentialisation et la stigmatisation d’une composante de notre communauté nationale ». Puis, elle enfonce le clou, en reprochant à l’ancien directeur de Charlie Hebdo de confondre l’Islam avec le terrorisme quand il « parle d’une religion qui souhaite « exister par la terreur » ».
La Mosquée de Paris appelle la Licra à revenir sur le « droit chemin »
Philippe Val assimile ainsi « tous nos concitoyens musulmans à des actes de violence passés ou potentiels », assène Hazfi en réaffirmant que son devoir est de « réagir à de tels discours », et qu’il est de son « droit est de les porter devant la justice. »
Sur Rima Hassan, le recteur de la Mosquée de Paris juge « regrettable » la prise de position de la Licra, en mentionnant que le combat de la bête noire de l’extrême droite en « faveur des droits des réfugiés dans le monde, y compris des réfugiés palestiniens et des déplacés de la guerre actuelle à Gaza ». Ce combat, poursuit Hafiz, « ne devrait pas être étranger à une institution luttant de manière indifférenciée pour les droits de l’homme. »
Dans la foulée, le recteur de la Grande mosquée de Paris appelle la Licra à « rester sur le chemin de la lutte universelle, équilibrée et juste, contre toute forme de haine et de racisme, sans hiérarchie dans le malheur des hommes. »
Pour la cessation de la convention de partenariat entre les deux institutions, Chems-Eddine Hafiz a exprimé ses regrets suite à la décision de la Licra.