Plusieurs franco-algériens, des femmes notamment, ont été élus députés aux élections législatives françaises du 30 juin et 7 juillet en France. La plupart ont été investis par les partis de gauche, dont La France Insoumise (LFI). Sabrina Sebaihi et Fatiha Keloua-Hachi ont été réélues.
Moins connue, Anaïs Belouassa-Cherifi vient de gagner à 29 ans son premier mandat de député dans la première circonscription du Rhône sous l’étiquette LFI.
Pour l’anecdote, elle était en vacances en Algérie avec son mari, et elle a dû les écourter pour rentrer en France et mener le combat des législatives. Après une campagne express, elle a battu au second tour le candidat du camp présidentiel Ensemble.
Souvenirs d’enfance
Anaïs Belouassa-Cherifi est d’origine algérienne. Son grand-père maternel, dont elle tient le nom de Chérifi, est arrivé en France dans les années 1950 pour « travailler dans les mines ».
« Il était analphabète et je me souviens qu’en arrivant au CP, je voulais qu’il m’accompagne à l’école pour apprendre en même temps que moi », raconte-t-elle au journal Le Progrès. »Que son nom (…) soit un jour celui d’un représentant de la nation, est un juste retour de tous les sacrifices qu’il a pu faire », ajoute-t-elle avec fierté.
Anaïs assure que c’est de là, de ses origines, qu’elle tient l’envie de se surpasser, d’abord dans ses études, puis dans son engagement politique.
La jeune femme est bardée de diplômes, en sciences politiques, histoire et affaires publiques, obtenus à Lyon et à la Sorbonne.
Née à Thionville, en Moselle, elle est devenue lyonnaise d’adoption depuis dix ans. Arrivée dans la ville du Rhône pour ses études, elle ne l’a plus quittée.
Anaïs Belouassa-Cherifi, une « Insoumise » algérienne aux avant-lignes du combat contre l’extrême-droite en France
Anaïs Belouassa-Cherifi est une femme très active, engagée sur tous les fronts. En plus des études réussies, elle a été joueuse de handball, éducatrice sportive, attachée au développement du sport féminin, membre d’une organisation estudiantine, elle a aussi contribué au lancement à Lyon du mouvement de lutte contre le harcèlement, MeToo.
Elle a toutefois quitté le mouvement « pour ne pas le politiser ». Car elle est depuis 2019 membre du parti de Jean-Luc Mélenchon.
La militante a rejoint le parti de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne des européennes de 2019 pour effectuer un stage de fin d’études et y est restée. Elle a travaillé sur le programme, l’organisation et est très vite devenue malgré son jeune âge secrétaire de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Elle est restée très fidèle au leader de LFI qu’elle préfère qualifier de « paratonnerre » lorsque ses détracteurs le désignent comme un « épouvantail ».
« Trahison »
La rancune, elle la tient à François Hollande, l’ancien président socialiste de la République française (2012-2017) qui sera désormais son collègue dans les travées et l’hémicycle de l’assemblée nationale.
Elle assure qu’elle ne manquera pas de lui rappeler sa proposition de déchéance de la nationalité pendant son mandat qu’elle dit avoir vécu comme une « trahison ».
Son engagement contre l’extrême-droite, elle le tient aussi de ses origines et de son enfance. Anaïs Belouassa-Cherifi se souvient bien du passage au second tour de l’élection présidentielle de 2002 de Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national (FN), devenu l’actuel Rassemblement national (RN). Elle avait sept ans.
« J’ai demandé à ma mère ce qu’on avait fait de mal. Pourquoi on ne voulait pas de nous. Je crois que c’est la première fois que je me suis sentie différente », raconte-t-elle. C’est de là, assure-t-elle, qu’est née son envie de « toujours combattre ces gens-là ».