Eric Zemmour ne désespère pas de passer au deuxième tour de l’élection présidentielle française d’avril prochain. Le polémiste de l’extrême-droite redouble pour cela d’attaques contre les immigrés d’origine algérienne et les musulmans d’une manière générale.
Son rejet des musulmans, Eric Zemmour qui est d’origine algérienne ne s’en défend pas. Il l’assume, le revendique et l’affiche comme une promesse électorale, lui qui s’est engagé, s’il est élu, à créer un ministère de la « Remigration ». Un concept dangereux non seulement pour les musulmans, mais pour tous ceux qui, en France, ne sont pas blancs et chrétiens.
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Il y a tout juste un mois, un des plus importants représentants des musulmans de France, le recteur de la Grande mosquée de Paris, a appelé à lui barrer la route « par les urnes ». Dans une tribune publiée dans Le Monde, Chems-Eddine Hafiz a appelé les Français à s’inscrire sur les listes électorales pour « sanctionner les chantres du racisme et ceux qui toisent les Français de confession musulmane ». L’appel à barrer la route à Eric Zemmour est clair, même si le recteur ne cite pas le nom du polémiste.
« La citoyenneté se concrétise par le devoir civique. L’indignation se canalise dans le devoir civique. Nous devons montrer que nous pouvons sanctionner les candidats qui fustigent nos compatriotes parce que musulmans », a écrit l’Algérien Chems-Eddine Hafiz.
Remigration n’étant pas un mot français, pourquoi ne pas utiliser « déportation » qui est du bon français et correspond parfaitement à l’idée. Avec des mots nouveaux, on ne se sent plus chez nous. « Ministère de la déportation », ça sonne mieux! https://t.co/xOaJZffmGJ
— Gérard Araud (@GerardAraud) March 22, 2022
« Aujourd’hui, je prie pour que nos concitoyens de confession musulmane continuent à vivre comme les enfants d’une République protectrice, n’en déplaise à certains orateurs qui n’ont d’autre compétence qu’une phraséologie polémiste et haineuse », a-t-il dit dénoncé. « Ces derniers veulent s’installer dans nos esprits au nom de notre sécurité ou d’une identité fantasmée », a-t-il enfoncé.
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Invité mardi de la chaîne LCP, le recteur de la Grande Mosquée de Paris est revenu à la charge pour fustiger le candidat, toujours sans le nommer.
« Les musulmans de France subissent une double peine (…) il faut absolument qu'il y ait une frontière étanche entre l'islamisme et l'islam », explique @chemshafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris.#CVR pic.twitter.com/Kex5prqsuy
— LCP (@LCP) March 22, 2022
« Il y a des candidats à la présidence de la République qui essentialisent les musulmans de France quand ils parlent du grand remplacement », a-t-il déclaré, ajoutant que « les extrémismes se nourrissent entre eux », en référence aux islamistes radicaux « qui disent aux jeunes il ne faut pas vous rapprocher de la citoyenneté parce que vous vous éloignez de votre foi ».
« Les musulmans de France subissent une double peine », dit-il, appelant à mettre « une frontière étanche entre l’islam et l’islamisme » et à « ne pas faire cet amalgame » qui, « malheureusement, est fait souvent ».
La « remigration », un concept dangereux
Plutôt que de se défendre, Zemmour qui est en perte de vitesse dans les sondages (moins de 10% des intentions de vote) a pris cette sortie du recteur de la Mosquée de Paris comme une opportunité pour réitérer de nouveau ses positions. Il s’en félicite presque.
« Le recteur de la grande mosquée de Paris appelle à voter contre moi. Avez-vous l’intention de lui obéir ? », a-t-il tweeté ce jeudi 24 mars.
Malgré le poids électoral important des musulmans de France, Eric Zemmour, et d’autres candidats, ont fait le choix de courtiser plutôt le courant extrémiste anti-immigration qui, il est vrai, a fortement monté ces dernières années dans la société française.
Dans les sondages à un peu plus de deux semaines du premier tour, deux candidats de ce courant, Eric Zemmour justement et Marine Le Pen, ne sont dépassés que par le président sortant Emmanuel Macron. Comme en 2017, le courant extrémiste pourrait être à nouveau présent au second tour.
Dans la surenchère sur le rejet de l’immigration, Eric Zemmour a dépassé le Rassemblement national, ex-Front national fondé par Jean-Marie Le Pen. Il l’a encore prouvé cette semaine en s’engageant à créer s’il est élu, un ministère de la « Remigration ».
Ce concept constitue en effet un clivage au sein même de l’extrême-droite, entre ceux qui exigent que les immigrés, quelle que soit leur origine, s’intègrent à la société française et aux valeurs de la France, et ceux qui, comme Eric Zemmour, ne croient pas à une société multiculturelle et prônent le rejet de toute immigration qui viendrait en dehors de l’Europe blanche et chrétienne, particulièrement celle qui vient du Maghreb, notamment l’Algérie.