Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, compte engager une politique des plus ferme sur l’immigration. Il a annoncé, ce mercredi 2 octobre, des mesures concrètes à ce sujet, dont la réduction des visas pour les Algériens et les autres leviers qu’il compte mettre à la disposition de sa nouvelle politique.
Le nouveau gouvernement français affiche une politique très stricte à l’égard des étrangers et de l’immigration. Une vision très proche des positions de l’extrême droite.
Le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur semblent être sur une même longueur d’onde. Michel Barnier a, en effet, cautionné la plupart des déclarations de son ministre de l’Intérieur à propos de l’immigration lors de l’annonce de sa politique générale hier mardi 1ᵉʳ octobre.
Retailleau veut « conditionner sa politique de visas à la délivrance des laissez-passer »
Le lendemain, soit ce mercredi 2 octobre, Bruno Retailleau, adopte un discours encre plus ferme, en annonçant des mesures concrètes à ce sujet, dans un entretien accordé au Figaro Magazine. En gros, il affirme qu’il est même prêt à changer des dispositions légales. « Quand le droit ne protège plus, il faut le changer », a-t-il dit.
Le ministre cite clairement le dossier des visas pour les Algériens. Et pour réussir là où son prédécesseur, Gérald Darmanin, a échoué, le nouveau locataire de la place Beauvau compte « utiliser trois leviers » qui sont à sa disposition. En premier lieu, il compte conditionner la politique des visas de la France à la délivrance des laissez-passer consulaires.
« Il faut assumer de conditionner notre politique de visas à la délivrance des laissez-passer, comme l’a dit le Premier ministre, ce dont je me félicite », a-t-il déclaré. Pour ce faire, il compte s’appuyer sur ses compétences en matière de visas et de dialoguer avec son collègue ministre des Affaires étrangères « pour que nous coordonnions nos efforts ».
À ce propos, il rappelle qu’en 2023, l’Algérie a obtenu 205.853 visas, « et elle n’a repris que 2.191 de ses ressortissants, dont 1.680 en éloignement forcé », chose qu’il trouve « inacceptable ».
« La France ne doit pas être plus attractive que les autres pays européens »
Ainsi, il faut donc s’attendre à ce que la France annonce prochainement une réduction du nombre de visas accordés aux demandeurs algériens. Déjà que le nombre est faible, il sera de plus en plus difficile d’en obtenir.
Au Maroc, pour lequel la France a délivré 238.750 visas en 2023, contre 725 laissez-passer, dont 865 départs forcés, le ministre indique qu’il a échangé la semaine dernière avec son homologue marocain. « Nous allons travailler ensemble à améliorer la réponse aux demandes de laissez-passer », a-t-il précisé.
Pour ce qui est du deuxième levier, Bruno Retailleau cite la coopération avec les pays tiers, notamment l’aide au développement. « C’est un outil fondamental qui doit être utilisé. Nous devons exiger des contreparties à l’aide que nous accordons », souligne-t-il.
Et enfin, il cite le levier de « préférence commercial » ou de « droits de douane ». Ce mécanisme est actuellement, selon l’intervenant, en négociation à Bruxelles. Il s’agit d’une « opportunité historique d’exiger la réciprocité (avec les pays tiers) sur des domaines qui sont importants pour les Européens ».
Et pour mettre en œuvre cette politique migratoire, Retailleau compte agir très fermement pour que la France ne soit pas plus attractive que les autres pays européens, « qu’il s’agisse des aides, des soins ou du regroupement familial ».
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