Après Mohamed Kaci, désavoué publiquement par TV5Monde après une interview du porte-parole de l’armée israélienne, c’est au tour de Salhia Brakhlia, une journaliste d’origine algérienne qui se retrouve dans le viseur de l’ultradroite en France.
Salhia Brakhlia, qui travaille pour Franceinfo, est victime d’attaques racistes de l’extrême-droite sur les réseaux sociaux après un débat à l’antenne mardi 5 décembre avec Marion Maréchal Le Pen.
Sur le plateau, celle qui a quitté le Rassemblement national pour rejoindre Reconquête d’Éric Zemmour a nié l’existence d’une violence de l’ultra-droite en France, ce qui a donné lieu à un échange tendu avec la journaliste.
L’émission a été diffusée mardi 5 décembre sur Franceinfo. Immédiatement après, Salhia Brakhlia a été prise à partie sur les réseaux sociaux.
« Pas de raison de ne pas partager avec vous les mots doux que je reçois après l’interview de ce matin », écrit-elle sur X. Son tweet est accompagné de la capture d’écran d’un de ses messages qu’elle a reçus sur Instagram.
Sa teneur est à caractère purement raciste. « Vous faîtes une très bonne avocate des racailles, à vomir, mais cela n’est pas étonnant, n’est-ce pas Salhia, ce sont vos frères ».
Pendant le débat, Marion Maréchal Le Pen a refusé de condamner l’expédition punitive organisée par un groupuscule de l’ultra-droite après le meurtre du jeune Thomas.
Mieux, elle a carrément nié l’existence d’une violence émanant de cette mouvance, la réduisant à « zéro ».
Contre l’évidence, elle a soutenu que la violence de l’ultra-droite est « une menace qui n’existe pas en France ». « Combien de meurtres, d’attentats, de viols, d’agressions gratuites à la sortie d’une boîte de nuit venant de l’ultra-droite ? Zéro », a-t-elle affirmé. Ce que Salhia Brakhlia a vivement contesté.
Marion Maréchal Le Pen a notamment réclamé des « exemples » de « meurtre », d’ « attentat », de « viol » ou d’ « agressions » imputables à cette mouvance.
France : Salhia Brakhlia se plaint de propos racistes
Dans un article consacré au sujet, le Huffingpost.fr a porté la contradiction au bras droit d’Éric Zemmour en rappelant les différents actes de violence commis par des groupuscules de l’ultra-droite ces dernières années, dont des meurtres.
Le journal cite trois meurtres rien qu’en 2022, dans la seule ville de Paris. Celui de l’ancien rugbyman argentin Federico Martín Aramburú, tué par balles en mars 2022 par deux militants « ancrés à l’extrême-droite », la tuerie de la rue d’Enghien, en décembre 2022 qui a coûté la vie à trois employés d’un centre culturel kurde, commise par un ancien sympathisant du Front national, et le meurtre, au boulevard Clichy, d’un jeune homme d’origine maghrébine, d’une balle dans la tête, par Martial Lanoir, « un conspirationniste d’extrême-droite, adorateur d’Hitler ».
En 2013, rappelle encore le Huffpost, Clément Méric, membre d’un groupe antifasciste, a perdu la vie au cours d’une rixe avec un groupe de skinheads.
De son côté, le compte X Insoumission rappelle que 10 projets d’attentat de l’extrême-droite ont été déjoués depuis 2017, 29 arrestations ont été opérées dans ces milieux en 2021 pour des projets d’attentat, tandis que « 1300 miliciens d’extrême-droite sont fichés ».
La même page souligne que des membres de cette mouvance ont été condamnés à 18 ans de prison pour avoir préparé un attentat contre Jean-Luc Mélenchon et Médine.
Le Huffpost rappelle aussi que la menace est prise très au sérieux par les autorités françaises, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ayant annoncé son intention de dissoudre trois de ces groupuscules.
En 2022, écrit le même journal, le rapport européen sur l’état et les tendances du terrorisme en Europe faisait état d’une nette augmentation en 2021 des interpellations liées à la préparation d’actions violentes par des activistes d’extrême-droite en France (29 contre 5 en 2020).
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