La Syrie a bouleversé le menu: le président français Emmanuel Macron va pouvoir expliquer sa décision d’intervenir militairement contre ce pays aux côtés de Washington et Londres, dimanche soir lors d’une séquence médiatique retransmise en direct, près d’un an après son élection.
Ces deux heures d’interview fleuve à partir de 20H35 (18h35 GMT), sur la chaîne BFMTV, la radio RMC et le site Mediapart, ont été programmées avant la décision de mener des frappes aériennes dans la nuit de vendredi à samedi contre le régime syrien de Bachar al-Assad.
C’est donc en chef de guerre que va s’exprimer le président, qui a considéré qu’une « ligne rouge » a été franchie avec l’attaque à l’arme chimique présumée le 7 avril à Douma, imputée au régime syrien. Les raids menés avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont visé des sites liés au programme d’armement chimique syrien, et ouvert un nouvel épisode de tensions avec la Russie, où M. Macron doit toujours se rendre fin mai.
C’est la première fois depuis son élection en mai 2017 qu’Emmanuel Macron ordonne une opération militaire d’envergure. Ce « n’est peut-être pas sans conséquence et sans bénéfice pour le pouvoir exécutif en termes de démonstration de force et de capacité à tenir ses promesses », a commenté à l’AFP Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
Le président va pouvoir répondre aux premières critiques sur cette intervention qui n’a pas provoqué d’union sacrée en France.
Les autres sujets d’actualité devraient naturellement passer au second plan, en particulier les grèves notamment dans le transport ferroviaire et aérien et les universités qui ont entraîné un décrochage de l’exécutif dans les sondages.
M. Macron a déjà déroulé une bonne partie de son programme de réformes d’inspiration libérale et veut les poursuivre, mais il doit encore convaincre. Les Français peinent à avoir une vue d’ensemble de l’action du pouvoir, selon les sondages.
Deux sondés sur trois jugent que la politique menée depuis un an est « favorable aux plus aisés », selon un sondage Elabe réalisé en France et diffusé samedi.
Jeudi, M. Macron s’était expliqué sur la chaîne TF1 notamment sur la très sensible réforme de l’opérateur français du rail SNCF – contre laquelle les cheminots maintiennent une grève en pointillé -, la lutte contre le terrorisme et la radicalisation ou encore la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires.
D’autres thèmes pourraient être abordés dimanche soir, comme « la conception de la République, la politique économique », selon des membres de son parti La République en marche (LREM). Ou encore le controversé projet de loi sur l’asile et l’immigration, débattu à partir de lundi à l’Assemblée nationale et qui suscite des réticences jusque dans les rangs de son parti.