L’islamologue suisse Tariq Ramadan, incarcéré en France dans une affaire de viols sur deux femmes, a reconnu des relations sexuelles “consenties” avec une troisième plaignante lors de son premier interrogatoire mardi devant les juges d’instruction parisiens qui ont choisi de ne pas l’inculper dans ce volet, a annoncé son avocat.
“Les magistrats ont considéré, à la suite des explications de M. Ramadan et des documents qui ont pu être fournis, qu’il n’y avait pas lieu de mettre en examen (inculper, ndlr) M. Ramadan concernant Mounia”, la troisième femme qui l’accusait de neuf viols en 2013 et 2014, a déclaré Me Emmanuel Marsigny.
“Il a longuement expliqué aux magistrats (…) qu’il y avait eu des jeux sexuels, qu’il y avait eu des relations sexuelles également mais qu’elles ont toutes été toujours librement consenties”, a-t-il ajouté.
Une éventuelle inculpation dans ce volet, qui avait été requise par le parquet, constituait le principal enjeu de cette audition. Jusqu’ici, l’intellectuel, inculpé pour deux viols et écroué début février, n’avait pas été interrogé sur les accusations de Mounia Rabbouj, qui avait porté plainte en mars.
“C’est un tournant dans cette affaire”, a souligné Me Marsigny, citant également les récents changements dans le récit de Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue une militante laïque et qui avait été la première femme à déposer une plainte pour viol contre Tariq Ramadan en octobre.
Dans cette plainte, cette dernière avait situé les faits à Paris fin mars ou début avril 2012, mais elle a récemment affirmé devant les juges que le viol aurait en réalité eu lieu le 26 mai.
La seconde plaignante, surnommée “Christelle” par la presse, a pour sa part accusé M. Ramadan de l’avoir violée en octobre 2009 dans une chambre d’hôtel à Lyon (sud-est).
En garde à vue, l’islamologue a reconnu avoir rencontré Henda Ayari et “Christelle” en public, une seule fois chacune, selon lui, mais il a nié tout rapport sexuel. Confronté à “Christelle”, il a admis un “jeu de séduction” dans leurs échanges électroniques.
En Suisse, une quatrième femme a porté plainte et son témoignage doit encore être versé au dossier français.