Les polémiques sur les questions religieuses et le respect de la laïcité se succèdent en France. Après l’abaya pour les musulmans, c’est la célébration de Hanouka, une fête juive, à l’Elysée qui a provoqué un tollé dans le pays.
Jeudi, le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé une bougie à l’occasion de Hanouka au Palais présidentiel en présence du président Emmanuel Macron. C’est une première dans l’histoire dans un pays si soucieux du respect de la laïcité, notamment quand il s’agit des Français de confession musulmane.
Dès la publication de la vidéo montrant Macron et le grand rabbin de France en train d’allumer les bougies, la polémique a éclaté. L’Elysée a subi des tirs de partout, y compris de la part des pro-israéliens, particulièrement au-devant la scène depuis le déclenchement de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier.
“Ce n’est pas le président qui a allumé la bougie de Hanouka, c’est moi”, a réagi le grand rabbin de France, en affirmant avoir agi “dans la liberté de pratique religieuse, l’Élysée n’étant pas un endroit sanctuarisé, comme l’école.”
Hanouka à l’Elysée : le clin d’œil du grand rabbin de France à l’interdiction de l’abaya
Allusion à la décision qui a été prise par le gouvernement français fin oût dernier d’interdire le port de l’abaya à l’école à partir de la rentrée scolaire 2023-2024.
Cette robe longue est considérée comme un vêtement islamiste par certains défenseurs de la laïcité qui cette fois se sont retrouvées face à un autre cas, autrement plus gênant, qui implique la communauté juive, dans un contexte marqué par la guerre que mène Israël contre Gaza qui cristallise les débats sur la place de l’islam et même des musulmans en France.
Certains n’ont pas manqué de faire le lien entre l’interdiction de l’abaya à l’école et la célébration de Hanouka à l’Elysée pour dénoncer un deux poids deux mesures quand il s’agit de respecter la laïcité. D’autres se sont interrogés si l’Elysée va accueillir une cérémonie de sacrifice du mouton de l’Aïd ou célébrer la messe de Noël dans le palais présidentiel.
D’autres ont reproché à Macron de n’avoir pas pris part à la marche contre l’antisémitisme du 12 octobre dernier à Paris.
Face à l’ampleur prise par la polémique, la première ministre Elisabeth Borne a réagi en considérant la célébration de Hanouka à l’Elysée comme un “signal” de “soutien” face à “la montée de l’antisémitisme” en France.
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, a assuré sur Cnew qu’«il n’y a absolument aucune ambiguïté sur le combat du Président et du gouvernement sur la laïcité». Pour preuve, elle a ajouté que c’est « ce gouvernement qui a interdit l’abaya à l’école ».
Pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, « il n’y a nullement violation de la laïcité », alors que le président de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le président Macron ne sait pas ce sait la laïcité..
Le président Macron a réagi à la polémique en affirmant qu’il « respecte la laïcité », après avoir expliqué le contexte de la célébration de Hanouka à l’Elysée. « Hier, je recevais des rabbins de l’Europe entière qui me remettaient un prix reconnaissant la lutte de la France contre l’antisémitisme. A la suite, j’ai allumé la bougie du souvenir »,
Si les défenseurs de la laïcité ont crié au scandale, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a qualifié le geste de Macron d’ « erreur ». “Effectivement ce n’est pas la place au sein de l’Elysée d’allumer une bougie de Hanouka parce que l’ADN républicain c’est de se tenir loin de tout ce qui est religieux”, a-t-il estimé.