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France : un an de désintégration à droite

Plusieurs mois après la débâcle de la présidentielle et des législatives, Alain Juppé, l’ex-favori dans la course à la présidentielle française de 2017, a annoncé lundi 15 janvier qu’il n’avait pas l’intention de payer sa cotisation 2018 au parti Les Républicains (anciennement « UMP ») qu’il a co-fondé. Mais il refuse de dire si ce message signifie qu’il quitte le navire. « Je prends du recul et je vais observer, notamment dans la perspective des élections européennes de 2019 », se contente-t-il d’indiquer à la presse.

Wauquiez, seul contre tous ? 

Au sein du parti, on tente de minimiser cette prise de distance et on préfère jouer sur les mots. « Ce n’est pas un départ ni une rupture, c’est un retrait », justifie au micro de BFM TV Damien Abad, député LR proche du nouveau patron des Républicains, Laurent Wauquiez.

La veille, Dominique Bussereau, un ancien ministre proche d’Alain Juppé a fait savoir qu’il se mettait « en congé » des Républicains au moins jusqu’aux élections européennes de 2019. « Aujourd’hui, je ne peux que constater que les propos tenus par certains porte-paroles des Républicains pourraient être ceux du FN », écrit-il dans une tribune au Journal du dimanche

Depuis l’élection de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains début décembre (avec près de 75% des voix), plusieurs ténors du parti de droite ont choisi de rendre leur carte ou de prendre leurs distances. Estimant ne plus « reconnaître » sa famille politique, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, a ainsi quitté LR vingt-quatre heures seulement après le scrutin.

Quant à ceux qui restent pour l’instant – à l’instar de l’ex-Premier ministre de Jacques Chirac – ils placent sous surveillance le nouveau patron des Républicains, critiqué pour sa ligne jugée trop à droite. Alain Juppé se dit « vigilant » martelant qu’il a tracé deux lignes rouges infranchissables pour son parti, la lutte contre le Front national et la défense du projet européen.

Valérie Pécresse refuse elle aussi de soutenir la ligne politique du nouveau patron des Républicains. En décembre, elle a décliné la présidence du Conseil national du parti, sur une proposition de Laurent Wauquiez. « Parce que présider ce conseil national, c’était finalement donner un blanc-seing à Laurent Wauquiez et adhérer à une ligne politique qui n’est pas la mienne. Et moi aujourd’hui je ne veux pas me lier les mains, je ne veux pas me bâillonner, je veux garder entière ma liberté de parole et ma liberté d’action », expliquait mi-décembre la présidente de la région Île-de-France au micro de RTL.

La refondation du parti repose désormais sur les épaules d’un homme politique qui fut longtemps considéré comme l’étoile montante de la droite (député à 29 ans, porte-parole du gouvernement en 2007, plusieurs fois ministre sous Nicolas Sarkozy). Mais pour l’instant, le nouveau patron des Républicains s’évertue surtout à incarner l’opposition, et se montre très offensif vis-à-vis du chef de l’État. « Je n’aime pas (sa) politique », martèle Laurent Wauquiez au micro de RMC et BFM TV mercredi matin. Fustigeant « son art de l’enfumage », il s’est promis d’incarner le candidat de la France populaire et de la reconquérir.

L’affaire Fillon 

En attendant, les départs de plusieurs figures et les désaccords viennent fragiliser encore un peu plus Les Républicains. Il y a presque un an jour pour jour, fin janvier 2017, les révélations d’une affaire d’emplois fictifs familiaux supposés allaient progressivement achever le grand favori de la droite François Fillon, candidat du parti Les Républicains.

Presque quinze jours après les révélations du journal satirique Le Canard Enchaîné – François Fillon livrait le 6 février 2017  les éléments de son « opération sauvetage » à son siège de campagne. Devant les quelque 200 journalistes réunis pour l’occasion, il avait alors, pendant un peu moins d’une heure, démonté les accusations d’emplois fictifs supposés.

Certes, il reconnaissait alors « l’émotion légitime » suscitée par ces révélations, et comprenait « le besoin de me voir clarifier les choses ». Et précisait qu’il allait  « le faire » puisqu’il n’avait « rien à cacher ».

Mais le mea culpa tourna vite court. Le vainqueur de la primaire de droite dénonça très rapidement « une attaque d’une violence inouïe ». Quitte à surenchérir. « À ma connaissance, du jamais vu sous la cinquième République ». Bref, en quelques instants, l’accusé était devenu la victime d’une conspiration médiatique. Le feuilleton de la campagne présidentielle était lancé.

Des Républicains recasés chez Macron 

Les révélations en cascade vont progressivement atomiser la candidature de Fillon et le parti des Républicains. Donné favori, le candidat de la droite et du centre perd progressivement son avance. Mis en examen dans le cadre de cette affaire d’emplois familiaux présumés fictifs, il refuse d’abandonner la bataille. Son camp se disperse. Certains en appellent au retrait de la candidature Fillon. D’autres prennent le pari de laisser pourrir la situation, conscients que la bataille de la droite pour la présidentielle est désormais perdue.

Début mars 2017, dans son propre camp, la liste des désistements dans l’équipe de campagne se rallonge au fil des heures : Bruno Le Maire, conseiller pour les affaires internationales et européennes auprès de François Fillon (aujourd’hui ministre de l’Économie), le directeur adjoint de la campagne, Sébastien Lecornu (à l’origine soutien d’Alain Juppé à la primaire de droite et du centre, aujourd’hui Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire). D’autres élus « juppéistes » retirent leur soutien au candidat Fillon et quittent sa campagne. Parmi eux, un certain Edouard Philippe, député (LR) et maire du Havre, devenu le Premier ministre d’Emmanuel Macron.

Au premier tour de l’élection présidentielle, François Fillon est éliminé. Depuis, le candidat a totalement disparu des radars de la politique pour se reconvertir dans le privé. Il a ainsi intégré une société de conseil parisienne spécialisée dans le rachat de dettes d’entreprises.

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