Diaspora

France : un célèbre chef franco-algérien raconte les discriminations dont il a été victime

Invité dans l’émission « Ça commence aujourd’hui », présentée par Faustine Bollaert sur France 2 ce 5 novembre, Mohamed Cheikh se confie sur ses débuts en cuisine, marqués par les discriminations et le harcèlement.  

Le chef, né en France de parents algériens et reconnu aujourd’hui pour sa victoire de la saison 12 de Top Chef en 2021, revient de loin. 

Mohamed Cheikh, un chef accompli malgré le « racisme en cuisine » 

Pour comprendre le parcours du chef franco-algérien Mohamed Cheikh, il faut remonter à 2010, lorsqu’il décroche un BEP en hôtellerie-restauration. Il entame ainsi sa carrière et est rapidement confronté aux difficultés liées à ses origines, en plus de devoir surmonter les violences qui caractérisent le monde de la cuisine. 

« Mohamed Cheikh a été confronté au racisme en cuisine », indique la légende du passage de l’émission posté sur YouTube, ce que confirme le chef aujourd’hui âgé de 32 ans. 

Il confie : « Pendant toute ma carrière, on m’a dit que je n’y arriverais jamais parce que la cuisine, ce n’est pas pour les gens comme moi, parce que je ne mange pas de porc et je ne bois pas de vin ». 

Il va alors travailler « dans le silence » et se faire un nom, doucement mais sûrement, en dépit des actes de harcèlement répétés et des remarques blessantes. « À l’époque, quelqu’un qui s’appelle Mohamed dans une cuisine, c’est celui qui fait la plonge », dit-il. 

Mohamed Cheikh sera alors confronté à des remarques du genre « Mohamed couscous », ainsi que des insinuations sur des activités de vol de voitures : « Alors, tu n’as pas un plan BM pour ce week-end ? ». 

Il va aussi subir des provocations physiques, bien que rares : « Au bout de la deuxième fois, j’ai plaqué le mec contre le mur et je lui ai dit “la prochaine fois que tu recommences, tu vas t’en souvenir” ». 

« Je me suis battu comme un acharné pour mon boulot » 

Dans l’émission, portée sur « Insultes, brimades, harcèlement sexuel : comment briser l’omerta des violences en cuisine ? », Mohamed Cheikh révèle ne pas avoir inquiété ses parents durant ces débuts difficiles, motivé pour aller jusqu’au bout. 

« Ils ont tout donné pour mon éducation, et pour faire en sorte que je sois quelqu’un qui avance. Je n’allais pas leur dire… tamaman, la seule chose qu’elle va dire c’est “arrête, ce n’est pas grave, fais autre chose”, mais j’avais envie de faire ce métier, donc je fermais ma bouche », relate-t-il. 

Aujourd’hui, il se dit fier de n’avoir jamais dévié de ses valeurs, lui qui fait en sorte de ne pas reproduire ce qu’il a subi. Il déclare : « La fierté que j’ai, c’est d’avoir fait un parcours où je n’ai jamais fait de tort à qui que ce soit. Je me suis battu par rapport à tout ce qu’on m’a fait, je me suis battu comme un acharné pour mon boulot, et j’ai réussi sans faire de mal à qui que ce soit. C’est un honneur ». 

À la suite de sa victoire au concours culinaire Top Chef, en 2021, Mohamed Cheikh avait ouvert plusieurs restaurants éphémères à Paris, dont « Manzili » et « Babor ». En juillet dernier, il ouvre son propre restaurant à Saint-Ouen, « Meïda ». Il est également l’auteur du livre « Ma Cuisine méditerranéenne », publié en 2022 aux éditions Solar. 

La trentaine à peine entamée, le chef franco-algérien est un modèle de réussite pour les jeunes passionnés de cuisine. 

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