Le parquet de Rennes a annoncé vendredi avoir décidé de poursuivre pénalement le député LREM de la 1re circonscription d’Ille-et-Vilaine, Mustapha Laabid, « pour des faits d’abus de confiance » commis au préjudice d’une association qu’il présidait.
M. Laabid, d’origine marocaine, est soupçonné d’avoir « utilisé à des fins personnelles ou indues des fonds de l’association Collectif Intermède », qu’il présidait jusqu’à son élection en 2017. Le montant du préjudice présumé est de 21.930,54 euros, indique le parquet dans un communiqué.
Les faits auraient été commis à Rennes, Paris et Marrakech (Maroc), entre 2015 et fin 2017.
Le parquet reproche à Mustapha Laabid d’avoir financé sur les fonds de l’association diverses dépenses personnelles : environ 15.000 euros de repas dans des restaurants (frais de bouche), des achats ou paiements dans des commerces, des frais de téléphonie, et des frais d’hôtels.
Le député a été convoqué à l’audience du tribunal correctionnel de Rennes du 5 mars « pour fixation de la date du jugement ».
La décision « d’exercer des poursuites pénales à l’encontre de M. Mustapha Laabid » remonte au 4 janvier, précise le parquet.
Une enquête avait été ouverte pour ces faits, le 16 novembre 2017 par le parquet de Rennes à la suite d’un signalement de Tracfin d’octobre 2017.
Tracfin – service du ministère de l’Economie chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent – avait fait état « de mouvements suspects sur les comptes de l’association et de son président, M. Laabid ».
L’enquête avait été confiée à la Direction interrégionale de la police judiciaire de Rennes.
Issu de la société civile, Mustapha Laabid a été élu député de la 1ère circonscription d’Ille-et-Vilaine en 2017.
« Je n’ai jamais fait quelque chose de malhonnête, jamais volé de l’argent, ni eu l’idée de m’enrichir », a réagi M. Laabid à l’AFP dénonçant une situation « ubuesque ».
« J’ai hâte que cette histoire soit close définitivement », a ajouté le député qui dit subir depuis des mois des « rumeurs et des suspicions ».
« Je ne me laisserai pas impressionner. Je laisserai la justice faire son travail », a-t-il dit.
Entendu par les enquêteurs, M. Laabid a indiqué que « toute la comptabilité de l’association » a été « épluchée », disant avoir « apporté toutes les justifications possibles » à ces dépenses, mais il regrette de ne pas avoir « eu de lendemains ».
Le député breton assure que les sommes mises en cause ont été engagées pour le fonctionnement du collectif Intermède pour organiser notamment des repas festifs pour le public de l’association.
Sans parcours politique, Mustapha Laabid est connu localement pour son engagement associatif contre l’exclusion et pour l’insertion professionnelle dans les quartiers rennais.
Il a créé le Collectif Intermède, après les événements de 2005 dans les banlieues, une association loi 1901 qui oeuvre pour l’insertion des jeunes.
Il dirige la Fondation agir contre l’exclusion (Face) Rennes et a également présidé pendant dix ans le club de football Rennes Inter, qui œuvre pour l’insertion sociale et professionnelle par le sport.