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France : un journaliste franco-algérien dans la tourmente

Deux figures médiatiques sont dans la tourmente en France. Après le journaliste franco-algérien Mohamed Sifaoui, soupçonné d’avoir indûment bénéficié d’un fonds de lutte contre l’islamisme, c’est au tour du polémiste d’extrême-droite Jean Messiha de l’affaire l’objet de soupçons similaires.

Mohamed Sifaoui était journaliste en Algérie dans les années 1990, lorsque le pays était en proie à la violence terroriste. Installé en France à la même période, il a réalisé plusieurs reportages filmés sur la propagande islamiste et les filières djihadistes. Il est considéré comme un spécialiste du terrorisme et des questions de radicalisation.

Il s’est fait notamment connaître pour avoir « infiltré » une cellule d’Al Qaïda à Paris au début des années 2000. Depuis, il se présente comme un spécialiste de l’islamisme et du djihadisme.

C’est en cette qualité qu’il a occupé le poste de « directeur des opérations » de l’Union des associations d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM).

Il a été sollicité en 2021 pour faire partie du programme « Marianne » de promotion de la laïcité, lancé par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, après la décapitation du professeur Samuel Paty par un jeune radicalisé.

L’idée était de produire, pour le compte du gouvernement, des contenus à diffuser sur les réseaux sociaux pour contrer le discours islamiste radical en vogue.

Le scandale a éclaté lorsque des révélations ont été faites par Mediapart sur la répartition des fonds et surtout le travail effectué dans le cadre de la mission.

Selon le même média, l’association de Sifaoui aurait reçu pour 335 000 euros de subventions pour seulement quelques tweets et articles sur les réseaux sociaux. Outre sa rémunération pour ce travail, Mohamed Sifaoui était simultanément salarié à temps plein de l’association.

La justice s’est chargée de l’affaire et le Sénat a mis en place une commission d’enquête.

Mohamed Sifaoui et Jean Messiha dans la tourmente en France

Marlène Schiappa, aujourd’hui ministre chargée de l’Economie sociale et solidaire et de la Condition féminine, est soupçonnée d’avoir favorisé Mohamed Sifaoui. Cité par Mediapart dans ce scandale, le préfet Christian Gravel, responsable de la gestion du fonds de lutte contre le séparatisme, a démissionné.

Auditionné par la commission d’enquête parlementaire jeudi 15 juin, Sifaoui a tout nié et s’est accroché avec les sénateurs qui l’interrogeaient. Il a estimé avoir été « manipulé » par le gouvernement et dit regretter d’avoir « fait confiance » à Marlène Schiappa.

Cette affaire devrait être élucidée par l’enquête judiciaire ouverte pour « détournement de fonds publics », « négligence » et « abus de confiance ». En attendant ses conclusions, les observateurs estiment que l’affaire pourrait faire tomber la ministre Schiappa.

Dans la foulée de ce scandale, une autre affaire d’emploi fictif a éclaté, impliquant Jean Messiha, l’homme politique et polémiste d’extrême-droite.

Dans une enquête intitulée « La haine sur fonds publics », Mediapart a révélé mardi 20 juin que Messiha était employé pendant 5 ans à temps plein par le ministère français des Armées, sans qu’il se présente régulièrement à son poste comme le stipule la réglementation.

Jean Messiha était conseiller de Marine Le Pen puis d’Eric Zemmour. Le polémiste d’origine égyptienne passait également régulièrement dans des émissions télé où il distillait un discours identitaire et anti-musulman.

Selon Mediapart, le ministère des Armées a refusé de commenter ces révélations. Le polémiste, lui, a décidé de porter plainte. Comme Sifaoui, il accuse un certain courant idéologique de chercher à l’abattre.

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