La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), autorité morale en France, s’est dite mardi “profondément choquée” par le traitements des migrants à la frontière franco-italienne “où la République bafoue les droits fondamentaux”.
Dénonçant “les violations des droits” des migrants et “les pratiques alarmantes observées sur ces deux zones frontalières”, la Commission, dont l’avis est consultatif, estime que la puissance publique “renonce au principe d’humanité et se rend même complice de parcours mortels” dans cette zone.
Cet avis, révélé mardi par le journal La Croix et qui doit être adopté dans l’après-midi, est publié alors que la crise de l’Aquarius, qui a accosté avec deux autres bateaux dimanche à Valence avec 630 migrants que l’Italie avait refusé d’accueillir, a provoqué une vive passe d’armes diplomatique entre Rome et Paris.
La CNCDH, qui avait déjà rendu un avis très sévère en mai sur la politique migratoire du gouvernement français, s’inquiète notamment de voir que les migrants, dont de nombreux mineurs, entreprennent “des parcours de plus en plus dangereux à travers les Alpes”.
Pour la CNCDH, la République française est “hors droit” en ne respectant pas plusieurs garanties légales, telles l’entretien approfondi, ou le délai d’un jour franc avant un éloignement.
La Commission dénonce aussi “des lieux de privation de liberté improvisés et non respectueux des droits”, dont elle demande “la fermeture immédiate”.
Le traitement des migrants à la frontière est régulièrement dénoncé par les ONG, et vendredi dernier encore Oxfam fustigeait la politique de reconduite en Italie, y compris des enfants, “au mépris des lois françaises et européennes”.
La Commission s’alarme elle aussi du sort de ces mineurs, dont elle recommande de “cesser tout renvoi immédiat” vers l’Italie.