La liste ouverte « d’objets historiques et symboliques » qui a été présentée cette semaine par l’Algérie à la France suscite une levée de boucliers parmi la droite et l’extrême droite française.
La droite française franchit un pas supplémentaire dans son inimitié envers l’Algérie. Le parti Les Républicains ne se contente plus de faire pression sur le président Emmanuel Macron pour contrarier son rapprochement avec Alger. Il emprunte désormais sa rhétorique véhémente à l’extrême-droite sur l’Algérie.
Après avoir calqué leur programme, Les Républicains se mettent à voler aux courants extrémistes leur violence verbale sur l’Algérie.
Le président de ce parti, Éric Ciotti, qui était sur le point de soutenir Éric Zemmour lors de la présidentielle de 2022, a toujours pris des positions tranchées en défaveur de l’Algérie, que ce soit sur l’immigration, la mémoire, l’accord algéro-français de 1968 ou la « politique maghrébine » de la France.
La droite française s’en prend à l’Algérie
Éric Ciotti et son parti étaient aux avant-lignes lors des débats sur la loi immigration, exigeant un texte plus dur et surtout la révocation du traité de 1968, jugé « favorable » à l’immigration algérienne.
Une proposition de résolution pour la révocation de l’accord a été introduite à l’automne dernier par les LR, mais elle n’a pas obtenu un nombre de votes suffisant des députés de l’Assemblée nationale le 7 décembre.
En mai 2023, Éric Ciotti s’est rendu au Maroc avec Rachida Dati où ils ont plaidé publiquement pour le « rééquilibrage » de la politique maghrébine de la France et la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental.
Le contexte était celui d’un rapprochement avec l’Algérie et d’un froid entre Paris et Rabat qui durait depuis 2021. Rachida Dati, d’origine marocaine, est revenue au gouvernement en janvier dernier en tant que ministre de la Culture.
Il y a moins de deux semaines, elle s’est impliquée dans la polémique entre l’Algérie et le Maroc sur l’origine du Caftan, apportant sans surprise son soutien au royaume.
France : la droite s’en prend à l’Algérie en empruntant le langage de l’extrême-droite
Cette semaine, l’actualité algéro-française est marquée par la cinquième rencontre de la commission mixte Histoire et mémoire.
Dans un communiqué rendu public, lundi 27 mai, le panel a fait savoir que la partie algérienne a dressé une « liste ouverte » d’objets symboliques de la période coloniale que l’Algérie souhaite récupérer auprès de la France.
La demande, pourtant anodine et qui ne constitue pas une première du genre, a été saisie par l’extrême-droite française pour lancer une campagne d’attaques et de railleries contre l’Algérie.
La réaction de Marion Maréchal Le Pen, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, est venue en réponse à un tweet de la militante Rima Hassan qui a estimé qu’ « il est temps que la France rende tout ce qu’elle doit à l’Algérie ».
« On va plutôt leur rendre les Algériens clandestins, fichés S, criminels et chômeurs longue durée », a répondu la tête de liste du parti d’Éric Zemmour aux prochaines élections européennes.
Cette invective n’a pas étonné outre mesure tant elle est coutumière du langage de Marion Maréchal et de tout le courant extrémiste envers l’Algérie.
Néanmoins, cette attaque s’est retrouvée, ce jeudi 30 mai, presque dans les mêmes termes, sur la page X officielle du parti Les Républicain. « Il faut tout reprendre », lit-on sur fond d’une photo de supporters de foot algériens. « Message de service à l’Algérie, il faut tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF … », a écrit le parti, concluant sur un « one, two, three » suivi de l’émoji d’un avion.
Le président du parti Éric Ciotti a assumé la même attaque sur son compte X personnel. « Transmettons également à l’Algérie la liste des délinquants qu’ils doivent reprendre chez eux », a tweeté Éric Ciotti, dont le parti plaide ouvertement pour une rupture des relations avec l’Algérie.
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