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France : un rugbyman dérape sans susciter le même tollé que Youcef Atal

France : un rugbyman dérape sans susciter le même tollé que Youcef Atal

Un joueur de l’équipe de France de rugby a gravement dérapé dans un contexte électoral tendu en France. L’athlète a certes immédiatement subi des sanctions sportives, sans toutefois susciter la même indignation générale que le footballeur international algérien Youcef Atal au tout début de la guerre de Gaza.

Melvyn Jaminet, joueur du XV de France, actuellement en tournée en Argentine, a tenu des propos racistes d’une extrême gravité alors que la France s’apprêtait à voter au second tour des élections législatives.

« Le premier arabe que je croise sur la route, je lui mets un coup de casque », a déclaré le joueur dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux samedi 6 juillet, après un match gagné par les Bleus face à l’Argentine. La vidéo a été supprimée par le joueur, mais elle circule toujours.

« Le premier arabe que je croise sur la route… »

Les propos de Melvyn Jaminet s’inscrivent dans le sillage de la libération en France de la parole raciste depuis les élections européennes du 9 juin pendant lesquelles le Rassemblement national était arrivé en tête.

Le parti d’extrême-droite était donné gagnant aux législatives du 30 juin et 7 juillet. Nombre de ses militants et sympathisants se sont mis alors à stigmatiser ouvertement, immigrés, Maghrébins, musulmans et gens de couleur.

Le RN a finalement perdu au second tour des législatives dimanche 7 juillet, n’arrivant que troisième derrière la coalition de gauche et le camp présidentiel.

La Fédération française de rugby (FFR) et le club de Toulon auquel est affilié le joueur ont promptement réagi.

« Melvyn Jaminet a été mis à l’écart avec effet immédiat et quitte le groupe France », a annoncé la FFR ce lundi dans un communiqué. « De tels propos sont totalement inacceptables et contraires aux valeurs fondamentales de notre sport », estime la Fédération française qui promet de prendre « les mesures appropriées » à l’issue d’une enquête interne « actuellement en cours pour faire toute la lumière sur la tenue de ces propos d’une extrême gravité ».

Le RC Toulon a, lui aussi, condamné les propos de son joueur et a annoncé l’ouverture d’une enquête.

« Ça me fait honte ! Je n’ai pas envie d’acculer Melvyn, mais son image ne peut plus être associée à Toulon ni au RCT. Il n’a rien à faire au RCT, qui est ouvert sur la Méditerranée et le monde », a réagi pour sa part sur RMC l’ancien président emblématique du club, le Franco-Algérien Mourad Boudjellal, lui-même victime d’attaques racistes depuis les dernières élections européennes.

Dérapage raciste d’un rugbyman français : va-t-il subir le même sort que Youcef Attal ?

« Depuis 15 jours, j’ai vraiment l’impression d’être redevenu un simple arabe, un Français de second choix », avait-il déploré le 28 juin sur le plateau du même média.

Melvyn Jaminet a présenté des excuses et a supprimé sa vidéo, mais celle-ci a connu un grand retentissement après son partage par le député de La France Insoumise (LFI), Sébastien Delogu. Sur le compte X de l’homme politique, la vidéo a été vue plus de six millions de fois.

Le député a jugé les propos du rugbyman « extrêmement scandaleux » et a réclamé des sanctions.

Malgré cet énorme retentissement, l’affaire n’a pas suscité un tollé au sein des médias et de la classe politique en France à la hauteur de sa gravité.

En tout cas, pas autant que le footballeur international algérien Youcef Attal qui a partagé en octobre dernier, au tout début de la guerre de Gaza, une vidéo dans laquelle un prédicateur palestinien priait Dieu d’envoyer « un jour noir sur les Juifs ».

Youcef Atal avait, lui aussi, présenté des excuses et avait supprimé la vidéo, mais il a été fermement sanctionné par les instances sportives françaises et par la justice.

De nombreux responsables politiques avaient aussi réagi, de la ministre des Sports au maire de Nice, Christian Estrosi qui a exigé son exclusion du club local, l’OGC Nice.

Youcef Atal a fini par quitter le club pour la Turquie, et il a surtout été condamné par le tribunal de Nice en janvier dernier à huit mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende. Neuf mois après les faits, certains en France ne lâchent pas l’international algérien.

Une rumeur annonçant son recrutement par l’Olympique de Marseille a fait réagir le microcosme politique local.

Le maire de Marseille, Benoît Payan, le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, et la présidente de l’antenne locale du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) se sont exprimés publiquement contre la venue du joueur algérien à Marseille.

Le retour de Youcef Atal en France où il a joué pendant six ans à l’OGC Nice (2018-2024) semble définitivement compromis.

Du jamais vu ! Éric Zemmour qui a été maintes fois condamné pour injure à caractère raciste, mais cela ne l’a pas empêché de se présenter aux présidentielles de 2022, de diriger son parti Reconquête ! aux élections européennes du 9 juin et aux législatives du 30 juin, d’être régulièrement invité sur les plateaux TV pour donner son avis.

Le rugbyman Melvyn Jaminet connaîtra-t-il le même traitement, avec une condamnation unanime de la classe politique et une sanction judiciaire ? À moins que la condamnation du racisme soit à géométrie variable pour le reste de la classe politique française en dehors de LFI.

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