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France : un titre de séjour pour 7.000 € grâce à un réseau marocain

En plus de leur offrir un visa touristique pour la France, un réseau de passeurs délivrait aussi, pour un prix total qui varie entre 6.000 et 7.000 €, un titre de séjour à ses clients marocains une fois arrivé dans l’Hexagone.

Connu son l’appellation du “réseau Khadîdja”, du nom de sa mystérieuse patronne, ce groupe était actif depuis 1998 et aurait fait entrer en France des centaines de ressortissants marocains, dévoile le média français Le Parisien.

Les enquêteurs de la sous-direction de la lutte contre l’immigration irrégulière, suite à un renseignement anonyme, ont pu recueillir plusieurs informations à propos de ce réseau, notamment les identités de ses membres présumés en France.

Visa et titre de séjour en France : un réseau de passeurs marocain actif depuis 26 ans

Ils savent aussi que le réseau fait entrer en France des ressortissants marocains, qui payent entre 6.000 et 7.000 €, avec un visa touristique et qu’un titre de séjour leur est délivré par la suite. 

Si la police française ignore toujours comment la patronne fait pour avoir le visa à ses clients, elle a cependant mis sous les verrous Khalid, 43 ans, le rabatteur présumé de ce groupe de passeur en région parisienne.

Khalid, qui a été mis en examen (inculpé) avec deux de ses présumés complices fin mars dernier. Il a finalement été incarcéré en ce début décembre pour « faux et usage de faux, association de malfaiteurs et proposition de services ou d’avantages à un membre du service public ».

Accusé d’être le rabatteur du groupe, un mis en cause nie en bloc

Khalid est pointé du doigt et désigné comme le rabatteur présumé du réseau Khadidja en région parisienne. Le mis en cause nie toutefois les accusations portées à son encontre et assure qu’il n’a jamais reçu un seul euro de cette organisation criminelle.

«  Grisonnant, barbu et portant des lunettes », Khalid répond pourtant à la description faite par la source anonyme de la police française, explique le journal français. 

Le mis en cause est connu au sein de la diaspora marocaine car il maîtrise le français et sait aussi utiliser la plate-forme numérique de simplifications des démarches administratives, ce qui lui permet d’obtenir des rendez-vous en préfecture pour le dépôt de demande de titre de séjour.

Présenté devant le juge d’instruction, Khalid confie qu’il a des relations avec le réseau mais assure qu’il n’est pas un membre actif. Ceci dit, les deux complices présumés du suspect assurent qu’il est chargé de la collecte d’argent et de l’envoyer à la patronne du réseau via Western Union.

Khalid assure quant à lui qu’il a seulement utilisé les services du réseau pour faire venir sa sœur du Maroc, ajoutant que cette organisation a fait appel à ses services pour qu’il réserve des chambres d’hôtel pour ses clients.

Khalid, rabatteur du réseau ou petit filon ?

Khalid travaille dans un hôtel de Saint-Denis. Son patron ne tarit pas d’éloges à son égard vu que son employé maîtrise plusieurs langues et donne satisfaction aux clients.

Le mis en cause, arrivé en France en 2015, a été arrêté fin mars dernier  dans une chambre d’hôtel à Clichy, où il vivait avec son épouse, en règle, et ses enfants français. Khalid quant à lui a déposé une demande de titre de séjour et attend la réponse de sa préfecture.

Selon la défense du mis en cause, la police et la justice se sont trompées en se focalisant sur son client. Mettant en avant le fait qu’il vit dans un « hôtel social » et que la police n’a trouvé sur lui « aucune richesse », l’avocat de Khalid, estime que son client ne constitue « qu’un petit filon ».

Bien que la police ait interrogé les douze personnes à qui Khalid a apporté son aide, aucune d’elles ne dit qu’il a demandé à être payé. La cour a cependant décidé de maintenir Khalid en détention, « estimant que les risques de non-représentation en justice ne pouvaient être écartés », rapporte encore la même source. 

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