Le Défenseur des droits, autorité administrative française indépendante chargée de défendre les droits des citoyens, a signalé dans un récent rapport des cas de « discrimination systémique » perpétrés par la police à Paris à l’encontre de noirs, arabes ou personnes perçues comme tel, rapportent plusieurs médias français.
Le rapport du Défenseur des droits Jacques Toubon met précisément en cause les agissements de policiers du XIIe arrondissement de Paris entre l’été 2013 et 2015 contre 18 mineurs à l’époque des faits noirs, arabes, ou perçus comme tels.
Ces victimes dénoncent des contrôles d’identité abusifs et répétés, des insultes tels que « sale noir », « connard », « Libanais de merde », « babine de pneus », ainsi que des palpations pouvant s’apparenter à des agressions sexuelles ou encore des violences.
« Les pratiques dites de ‘’contrôle évictions’’ demandées par la hiérarchie concernaient toujours les mêmes jeunes gens, lesquels étaient par ailleurs qualifiés dans les registres de main courante ‘’d’indésirables’’, terme particulièrement stigmatisant », relève le rapport de l’autorité indépendante, signalant en outre une succession de contrôles d’identité́, de palpations, de conduites au commissariat qui « se sont produits en dehors du cadre légal et se sont accompagnées d’entorses fréquentes à la procédure qui visaient particulièrement les plaignants, tous des jeunes gens […] d’origine maghrébine et africaine ».
« Les discriminations liées à l’origine à l’encontre de groupes de personnes s’inscrivent dans un ensemble de représentations et de préjugés qui traversent la société́. Profondément ancrés dans nos structures sociales et mentales, ces biais cognitifs renvoient l’individu à une identité́ sociale dévalorisée, qui semble justifier les pratiques inégalitaires dont il fait l’objet », souligne le rapport pour mettre en avant le caractère systémique de la discrimination dont étaient la cible les victimes.
« C’est ainsi la somme des pratiques constatées, la répétition des violations de procédures envers le groupe de jeunes gens du quartier d’origine maghrébine et africaine qui va conduire à la reconnaissance de la discrimination sous ses multiples formes qu’il s’agisse de discriminations directe, indirecte ou de harcèlement, créant un cadre où se déploie la discrimination systémique : l’effet cumulatif de ces comportements crée un climat d’exclusion et de discrimination », tranche le rapport du Défenseur des droits.
Réagissant indirectement aux accusations de discriminations raciales dans les pratiques policières, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a affirmé qu’il « n’y a pas de race dans la police, pas plus que de racisés ou d’oppresseurs racistes ».
De même que le secrétaire d’État français auprès du ministère de l’Intérieur, Laurent Nuñez, estimait récemment que « les gens ne se sentent pas stigmatisés par la police » française et qu’il n’existe pas de « racisme diffus ».