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France : une énigme criminelle vieille de plus de 30 ans en passe d’être résolue

L’enquête sur le meurtre d’une fillette de quatre ans non identifiée, dont le corps mutilé avait été retrouvé au bord de l’autoroute A10 dans le centre de la France en août 1987, a été spectaculairement relancée avec l’identification et le placement en garde à vue de ses parents.

La fillette jusqu’ici inconnue avait été surnommée “la petite martyre de l’A10”. Son corps mutilé portait des traces de brûlures dues à un fer à repasser et des cicatrices dues à des morsures humaines, sans doute d’une femme, selon les médecins légistes.

Le juge d’instruction de Blois (centre), chargé à l’époque du dossier, avait estimé qu’il s’agissait “pratiquement d’un cas d’anthropophagie avec prélèvement de chair”.

Les enquêteurs sont remontés jusqu’aux parents, jusqu’alors inconnus, de la fillette grâce à un prélèvement ADN opéré sur son frère qui avait été arrêté en 2016 dans le cadre d’une affaire de violence, a-t-on appris jeudi auprès du parquet de Blois.

Après comparaison avec le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), une correspondance a été révélée avec des traces ADN sur les vêtements et la couverture dans laquelle était enveloppé le corps de l’enfant lors de sa découverte le 11 août 1987 dans un fossé de l’autoroute à Suèvres.

Grâce à l’ADN du frère, les enquêteurs ont pu ainsi identifier et retrouver la trace des parents, un couple de sexagénaires originaires du Maroc qui ont eu sept enfants. Les enquêteurs ont notamment recoupé les données de la caisse d’allocations familiales pour déterminer qu’un enfant du couple n’était plus recensé. La mère faisait croire que l’enfant était au Maroc, selon une source proche du dossier.

– “Ici repose un ange” –

Les parents ont été placés mardi dernier en garde à vue à Orléans pour meurtre, recel de cadavre, violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans. Ils devaient être présentés jeudi matin à un juge d’instruction à Blois en vue de leur inculpation.

Selon une proche du dossier, le père de la fillette, qui avait quatre ans, reconnaît les maltraitances de la mère sur l’enfant ayant entraîné la mort. Le couple est séparé depuis 2010.

A l’époque de la découverte de la “petite martyre de l’A10”, la gendarmerie avait lancé la plus grande diffusion judiciaire jamais entreprise en France.

Près de 65.000 écoles avaient été visitées à la rentrée scolaire, et 6.000 médecins ou assistantes maternelles avaient été rencontrés pour essayer de donner un nom à la jeune victime.

Le signalement de la fillette avait été diffusé dans plus de 30 pays et sa photographie placardée dans tous les endroits publics: elle mesurait 0,95 mètre, avait les cheveux bruns bouclés et les yeux marron foncé.

Une ordonnance de non-lieu avait été rendue en octobre 1997, après des recherches infructueuses, laissant cette affaire non résolue.

Le procureur de l’époque Etienne Daures disait pourtant avoir “bon espoir de pouvoir donner un nom” à cette fillette, enterrée anonymement au cimetière de Suèvres, proche des lieux de la découverte du corps.

La tombe de la fillette était régulièrement fleurie. Sur le monument funéraire est gravée une simple inscription: “Ici repose un ange”.

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