La discrimination à l’emploi est une pratique qui a toujours cours dans certains pays. En France, malgré l’introduction du « CV anonyme » et l’interdiction formelle par la loi de toute discrimination à l’embauche, ce genre de pratique existe toujours, comme le montre cette expérience partagée par Morad Attik, fondateur d’une société de nouvelles technologies. Porter un prénom à consonance maghrébine réduit les chances de se faire embaucher en France.
Il ne s’agit pas d’un sondage, encore moins d’une étude pointue, mais cette expérience démontre que le problème est toujours là.
Le Franco-Algérien Morad Attik, fondateur de la plateforme éducative en ligne Evolukid, a raconté sur son profil LinkedIn le stratagème auquel a eu recours un demandeur d’emploi, pas pour se faire embaucher, mais pour confirmer que s’il a du mal à trouver un emploi ce n’est pas à cause d’une insuffisance de compétences mais uniquement à cause de son identité et de ses origines.
Le bonhomme a envoyé son CV à plusieurs entreprises, mais en double : un avec son prénom arabe (qui n’a pas été précisé) et un autre avec « un magnifique nom biblique » : Jean.
Le résultat est tout simplement choquant : pour le CV portant son vrai prénom arabe, il n’a reçu aucune réponse tandis que pour celui envoyé avec un faux prénom français, il a obtenu cinq entretiens d’embauche en trois jours.
Il ajoute qu’il avait dû faire la même chose en 2004 pour décrocher son premier CDI (contrat à durée indéterminée).
Discrimination à l’embauche en France : une expérience saisissante
Assurant qu’il connait bien le bonhomme, Morad Attik précise qu’il est confirmé dans son domaine et possède plusieurs compétences. Il témoigne que c’est quelqu’un de sérieux et travailleur « avec un mindset ouvert et agréable ».
Le fondateur d’Evolukid ajoute que le demandeur d’emploi peut bien aller à l’étranger où on lui déroulera le tapis rouge vu son profil, mais il doit rester en France pour s’occuper de ses parents âgés.
Morad Attik rappelle cette phrase qu’il a entendue il n’y a pas longtemps sur un plateau télé : « Tu abuses Morad, niveau discrimination à l’embauche, ça évolue ». Sa réponse a été : « Lisez les rapports et vous comprendrez. Je suis sur le terrain, je le vois tous les jours ».
En France, le Code du travail interdit formellement toute discrimination à l’embauche fondée sur le sexe, l’origine, l’orientation sexuelle, le handicap…
Malgré toutes les mesures prises pour lutter contre le phénomène, une enquête réalisée en novembre 2021 par l’Institut des politiques publiques et le centre Inter Service Migrants, a fait ressortir que la discrimination à l’égard des candidats à l’emploi ayant des origines maghrébines reste « généralisée et persistante » en France.
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