Une nouvelle association des musulmans de France a été lancée fin janvier dernier, avec comme objectif de »rendre des services aux musulmans » de France, a affirmé ce jeudi son initiateur, Hakim El Karoui, essayiste et consultant, sur l’émission TSA Direct.
Selon M. El Karaoui, le projet de création de l’Association Musulmane pour l’islam en France (AMIF) a d’abord pour but de »rendre des services aux fidèles, aux musulmans français, car ils manquent de services. Ils ne sont pas défendus ».
»Quand ils vont faire le pèlerinage, ils trouvent un système, qui n’est pas organisé, avec des prix élevés. Quand ils consomment de la viande, ils se demandent si elle est halal. Quand ils donnent de l’argent, ils se disent où va cet argent ». Et donc »on veut collecter cet argent et le rendre à la communauté », explique-t-il.
Pour M. El Karaoui, »aujourd’hui, dans l’islam de France, il n’y a pas d’organisation, pas d’institutions au service de la communauté », avant de relever qu »’il y a bien le CFCM (Conseil français du culte musulman), qui a un budget de 30.000 euros, mais on ne peut rien faire avec ça. Et donc le but est de créer une organisation, qui collecte l’argent et le réinvestit pour le bien être de la communauté. On a besoin d’un travail idéologique, théologique pour imaginer la façon d’être français et musulman ».
Le CFCM »a existé longtemps grâce à la volonté du ministère de l’intérieur, qui le soutenait, y compris matériellement », rappelle-t-il, avant d’expliquer que »le CFCM, c’est une fédération de fédérations de mosquées liées à des pays, dont la fédération de la grande mosquée de Paris liée à l’Algérie, deux fédérations liées au Maroc, une autre liée à la Turquie, et une autre aux pays d’Afrique subsaharienne. »
Hakim El Karaoui explique : »On a demandé à ces fédérations, qui représentent des mosquées, de créer une institution française, mais le problème est qu’il y a un paradoxe, car on a demandé à des fédérations financées par des pays étrangers de faire une fédération française. »
L’objectif de l’AMIF, affirme son initiateur, est de »renforcer le CFCM en le spécialisant, c’est la représentation des mosquées, il faut représenter institutionnellement l’islam, et l’AMIF, c’est le bras financier de l’islam », a-t-il dit.
Services à la carte aux musulmans de France
Sur le pèlerinage, il a indiqué qu’en France, »il n’y a rien, l’organisation est défaillante, et tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut une organisation qui sert d’intermédiaire avec de meilleures relations avec les saoudiens pour améliorer la qualité des services. » Il a rappelé que le coût du pèlerinage est 50% plus cher en France par rapport à l’Allemagne, et en Belgique, »c’est 2000 euros de moins qu’en France, et donc, cela va faire l’objet d’un premier travail de l’AMIF pour éliminer les intermédiaires, ou les monopoles » sur cette filière.
Pour les »produits certifiés halal par des agences de certification, il faut faire la transparence sur toute la chaîne avec le professionnalisme comme maître-mot et chercher le bien commun », assure-t-il.
Sur les questions de la xénophobie contre l’islam, l’antisémitisme, il a souligné par ailleurs qu’il faut que »la communauté musulmane accepte qu’elle a des difficultés et doit faire le ménage, car on ne peut être ambigu quand il y a des gens qui appellent au djihad. Il faut aussi lutter contre la mauvaise image de l’islam donnée par certains ».
Sur la radicalisation en France, il a estimé que »ce sont des musulmans formés en France. Ce n’est pas un problème d’immigrés, mais de Français, Belges, Allemands ». »On voit qu’il y a souvent, a-t-il expliqué, un problème d’autorité. Le problème c’est d’attaquer l’Occident en utilisant l’islam, car certains utilisent la religion pour se défendre contre l’Occident. »
Par contre, il a souligné que »le niveau de discrimination est extrêmement élevé contre les musulmans en France, les hommes plus que les femmes ». »En règle générale, ajoute-t-il, les français ont peur de l’islam, même si individuellement, ils vous disent qu’ils n’ont pas peur des musulmans (…), mais il y a une peur de l’islam après les attentats terroristes ».
Fatalement, Karim El Karaoui estime qu’en France, »les gens confondent entre islamisme et djihadisme.’’