Le nouveau président du parti Les Républicains (LR) était l’invité de « L’Émission politique » sur France 2 jeudi soir. Il a été interpellé par Houria Abdelouahed, psychanalyste franco-marocaine, maître de conférences à l’université Paris Diderot et membre du conseil d’orientation de la Fondation de l’islam de France.
Cette dernière reproche au patron des Républicains d’invoquer régulièrement, dans les médias français, une sourate imaginaire qui exigerait des musulmans qu’ils adaptent leur foi au pays dans lequel ils vivent. « Il y a une sourate du Coran que j’aimerais bien qu’on n’oublie pas. Cette sourate dit que, quand un musulman exerce sa foi dans un pays qui n’est pas un pays musulman, il doit adapter sa foi à ce qu’est l’état du pays », affirmait Laurent Wauquiez sur le plateau de LCI en août 2016.
« Le Coran comporte un certain nombre de sourates, 114 en tout, et que chaque sourate comporte un verset, plusieurs versets (…) donc d’abord ce qui m’a gênée c’est vraiment cette amalgame entre versets et sourates », explique Houria Abdelouahed.« Elle existe cette sourate ? », interroge alors Léa Salamé, la présentatrice de l’émission. « Je n’ai pas trouvé cette sourate », répond la spécialiste qui a notamment travaillé sur la condition féminine dans l’islam.
« Dans l’histoire de l’islam, rétorque alors Laurent Wauquiez, il y a eu des pages de tolérance extraordinaire ». Et, poursuit le patron du parti de droite, « nous devons à l’islam de nous avoir transmis toute une partie des Lumières de l’Antiquité que le Moyen-âge, lui occidental, avait perdu. Ce sont des moments où l’islam à l’époque et les principaux émirs qui étaient à la charge des différentes royautés ont plaidé pour cela. C’était une adaptation de l’islam consistant à dire ‘on ne peut pas avoir totalement la même approche quand on est totalement en terre musulmane et quand on est dans une terre qui n’est pas totalement musulmane’. (…) Le débat ici est tout simple : est-ce que, oui ou non, vous considérez que la République est fondée à demander aux musulmans dans le respect de leur religion de faire l’effort de s’adapter à ce que sont les règles de notre pays ? »
Houria Abdelouahed s’agace, et rétorque : « Je suis extrêmement choquée par cette espèce d’amalgame, de simplification (…) Les immigrés ne sont pas que des musulmans, il y a des immigrés chrétiens (…) Il y a des immigrés qui sont des infirmiers, des enseignants… et de ceux-là, vous n’en parlez pas ».
Le patron des Républicains n’a pas apprécié que la psychanalyste franco-marocaine lui fasse la leçon et s’est étonné qu’elle ne prenne pas position sur certains sujets. « Moi ce qui me choque, c’est que vous, qui êtes un modèle visiblement d’intégration, une femme, qui pouvez témoigner de ce qu’est l’histoire aussi de l’intégration républicaine, vous veniez sur ce plateau, sans dire un mot du combat contre l’intégrisme islamiste, (…), vous qui êtes, avec vos attaches au Maroc, sans dire un mot sur le combat terrible qui se noue au Maroc pour défendre la liberté des femmes face au travail de l’oppression (…)
Élu en décembre dernier à la tête des Républicains pour refonder le parti, Laurent Wauquiez, ex-ministre sous Nicolas Sarkozy, a rappelé jeudi soir qu’il ne voulait pas laisser « le monopole du discours sur l’immigration à l’extrême droite ».
« Je pense (…) qu’il y a trop d’immigration en France et que, aujourd’hui, nos capacités d’intégration sont saturées », a-t-il déclaré sur le plateau de France 2. « Je considère qu’il faut diminuer au moins de moitié le niveau de l’immigration actuelle et la ramener en-dessous de la barre des 100.000 » par an dont « 20.000 à 30.000 » étudiants étrangers.
Laurent Wauquiez a également plaidé pour une remise à plat de « la totalité de notre politique d’immigration », avec une nouvelle approche du droit du sol et l’instauration d’une obligation de résidence de trois ans sur le sol français avant de pouvoir bénéficier de prestations sociales.