Voilà une étude qui risque de balayer l’idée qui veut que les descendants d’immigrés soient laissés en marge de l’ascension sociale en France. L’étude est réalisée par le très sérieux Insee, l’institut français des statistiques et des études économiques.
Ses résultats ont été divulgués ce mardi 23 juillet, deux semaines après un scrutin législatif marqué par un vif débat sur les questions clivantes de l’immigration et de l’intégration.
L’étude a porté sur la période 2019-2020 et a comparé deux groupes : les enfants ayant au moins un parent né à l’étranger et ceux qui n’ont aucune ascendance migratoire. Ses principales conclusions, statiques à l’appui, sont sans équivoque.
Enfants d’immigrés en France : le niveau d’études déterminant
Les enfants d’immigrés en France réussissent à peu près dans les mêmes proportions que ceux qui n’ont pas d’ascendance immigrée. Comme quoi, “l’ascenseur social” fonctionne plutôt bien en France et pour tous, contrairement à ce qui se dit dans le débat public. Seul le niveau d’études détermine la progression sociale et l’origine n’a presque aucune incidence.
L’étude s’est intéressée particulièrement aux descendants d’immigrés de première génération, c’est-à-dire ceux qui ont au moins un parent né à l’étranger et venu s’installer en France.
Les auteurs de l’étude ont scruté les positions sociales de 1,8 million de descendants directs d’immigrés pendant la période considérée. Les chiffres ont fait ressortir que les enfants d’immigrés occupaient des positions “assez proches” de celles de ceux qui n’ont pas de parent immigré.
Il y avait pendant la période étudiée 15,7% de cadres parmi les descendants d’immigrés, contre 19,7% chez la frange sans ascendance migratoire.
La proportion des ouvriers ou employés n’est pas très éloignée dans les deux catégories : un peu plus d’une personne sur deux chez la première, un peu moins d’une personne sur deux chez la seconde. Parmi les descendants directs d’immigrés, 19% étaient des ouvriers non qualifiés, contre 16,2% pour les autres.
Ascension sociale des enfants d’immigrés en France : ce que révèle une étude de l’Insee
Les enfants d’immigrés réussissent donc presque aussi bien que ceux dont les deux parents sont nés en France.
« Ce qui n’était pas le cas de leurs parents, qui occupaient des positions sociales moins qualifiées », souligne Emilie Raynaud, responsable de la division études sociales de l’Insee, citée par les Échos.
Cette différence de la position sociale avec leurs parents a fait que l’ascension sociale est plus marquée chez les enfants d’immigrés qui sont 37% à occuper une position supérieure à celle de leur père, contre 27% pour ceux du deuxième groupe.
Chez les filles par rapport à leur mère, la différence est aussi de 10 points entre les deux groupes : 49% des filles d’immigrés font mieux que leur mère, contre 39% pour celle sans ascendance migratoire.
Ces chiffres sont implacables et balaient les préjugés quant à une exclusion des enfants d’immigrés de l’ascension sociale en France.
La seule nuance que met Emilie Raynaud est qu’il est évidemment plus facile d’avancer par rapport à ses parents quand ceux-ci sont au plus bas de l’échelle sociale.
Emilie Raynaud tire comme conclusions qu’ « il y a dans la société française une mobilité sociale, plus fréquemment vers le haut que vers le bas », et que le moteur principal de cette ascension reste les études et les diplômes : pour être cadre en France, la clé ce n’est pas l’origine mais d’avoir au minimum un bac+3.