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François Hollande, le président qui a beaucoup déçu les Français

François Hollande, le président qui a beaucoup déçu les Français

Dans six jours, la France élira un nouveau président. En dépit de son renoncement en décembre 2016 à être candidat à sa réélection, François Hollande défend son quinquennat depuis plusieurs semaines, sur le terrain ou à coups d’interviews fleuves dans la presse française.

Mais malgré ses efforts, sept Français sur dix pensent que François Hollande a été un mauvais président. Un sondage Odoxa pour France info, publié jeudi 6 avril, indique que le bilan du président sortant est jugé très décevant par une majorité de Français. Seuls 29% des sondés jugent qu’il fut bon (dont 2% « très bon »).

Défaite historique du PS au premier tour

Un rejet confirmé par les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Le candidat du PS, Benoît Hamon, réalise un score historiquement bas, avec 6,36% des voix. Il s’agit du pire résultat depuis la déconfiture de la SFIO (ancêtre du PS) en 1969. Gaston Defferre avait alors totalisé 5,01% des suffrages.

Si le score du PS du premier tour de l’élection présidentielle française signe la fin du clivage gauche-droite, il montre surtout le mécontentement des Français -y compris proches du parti socialiste- à la fin de ce quinquennat. Ainsi, une enquête de l’institut BVA réalisée le 25 avril indique que seulement 20% des sympathisants du parti socialiste et 15% des sympathisants de gauche ont voté pour Benoît Hamon au premier tour.

Bien qu’ils rejettent le parti socialiste, les électeurs de Hollande en 2012 ont pourtant massivement reporté leur vote sur le candidat sans étiquette Emmanuel Macron, ministre de l’Économie entre 2014 et 2016. 46% des électeurs de Hollande au premier tour de 2012 ont voté Emmanuel Macron dimanche dernier, selon le sondage BVA. Mieux : près d’un sympathisant sur deux du parti socialiste (48%) a voté pour l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande.

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Hollande a perdu sa bataille contre le chômage

L’enquête de début avril sur le quinquennat de François Hollande indique que le bilan économique est la principale explication de cette impopularité (et potentiellement de l’échec cuisant du PS). 83% des sondés en dressent un « bilan plutôt négatif ».

Dès son arrivée à l’Élysée, François Hollande promet de faire de l’inversion de la courbe du chômage sa priorité numéro un. Si cinq ans plus tard, le président sortant affirme que les résultats de sa politique sont là, mais le bilan est très mitigé puisque la France reste empêtrée dans le chômage de masse, avec un taux de chômage à 10%.

Les derniers chiffres du chômage sont tombés fin avril. Ils font état d’une nouvelle hausse du nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A), inscrits à Pôle emploi : +1,3% (43 700 personnes en plus).

En dépit des mesures déployées par le gouvernement (aides à l’embauche dans les très petites entreprises, crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), le nombre de chômeurs s’est bien alourdi pendant le quinquennat. On comptait 2,92 millions de chômeurs de catégorie A à l’arrivée de François Hollande à l’Élysée, contre 3,5 millions en mars 2017, soit 580 000 de plus. À noter que ces données concernent uniquement les demandeurs d’emploi qui n’ont pas du tout travaillé, et non les travailleurs précaires (c’est-à-dire inscrits à Pôle emploi mais qui occupent un emploi à temps partiel ou réalisent quelques missions en intérim).

Le président sortant a néanmoins tenu une promesse : « Si le chômage ne baisse pas d’ici 2017, je n’ai aucune raison d’être candidat, ou aucune chance d’être élu », avait-il déclaré en avril 2014.

Une République apaisée et exemplaire ?

69% des personnes interrogées pour le sondage Odoxa pour France info jugeaient début avril « plutôt négatif » le bilan de la moralisation de la vie politique et le respect des corps intermédiaires.

Il faut dire que François Hollande candidat en 2012 avait promis aux Français une république exemplaire. Mais malgré ses tentatives pour moraliser la vie politique après l’affaire Cahuzac en avril 2013 (le ministre délégué au Budget possédait des comptes bancaires cachés à l’étranger), son quinquennat est entaché par plusieurs scandales impliquant ses proches collaborateurs.

Le président sortant s’était également engagé sur le non-cumul des mandats. « Moi, président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local », disait-il pendant sa campagne en 2012. Si une loi sur le cumul des mandats a bien vu le jour en 2013, elle ne concerne toutefois que les parlementaires. Ainsi, par exemple, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est aussi président du conseil régional de Bretagne.

Dans le volet, « République exemplaire », Hollande avait fait du droit de vote des étrangers -résidant légalement en France depuis cinq ans- aux scrutins locaux une promesse de campagne. Mais se heurtant à la nécessité de disposer d’une majorité de 3/5e des sièges au Parlement -puisqu’une telle réforme exigeait une révision de la Constitution- le président a finalement définitivement enterré ce projet.

Le président Hollande s’est également attiré les critiques après sa proposition de déchéance de nationalité. « Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né Français, je dis bien même s’il est né Français dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité », avait-il lancé devant les parlementaires français réunis au lendemain des attentats de novembre 2015. Une proposition qui avait divisé à gauche car considérée comme une manière de stigmatiser les Français de confession musulmane.

Lors de son allocution télévisée pour annoncer qu’il renonçait à briguer un nouveau mandat, François Hollande a affirmé avoir eu un « seul regret » de son quinquennat : « Avoir proposé la déchéance de nationalité ». « J’ai pensé qu’elle pouvait nous unir alors qu’elle nous a divisés », a-t-il reconnu jeudi soir.

Hollande s’en va-t-en-guerre

De François Hollande, on retiendra également son bilan international. 58% des Français sollicités pour l’étude Odoxa jugent le bilan de la politique étrangère de la France « plutôt négatif » (49% pour la gauche hors PS, 69% pour la droite hors FN).

Sept mois après sa prise de fonction, en janvier 2013, François Hollande engage -sans obtenir le soutien de ses alliés européens- sa première intervention militaire au Mali, l’opération Serval, afin d’endiguer la progression des groupes terroristes au nord du pays.

Puis, en décembre 2013, l’ONU donne son feu vert à une intervention militaire française en Centrafrique qui a de nouveau basculé dans la guerre civile. Paris, sans ses alliés, envoie alors 1 600 soldats pour sécuriser le pays. L’opération Sangaris a officiellement pris fin en octobre 2016.

En septembre 2014, à la demande du gouvernement irakien, la France intervient militairement dans le pays pour frapper Daech. C’est le début de l’opération Chammal qui mobilise environ 1 200 militaires. Elle vise, selon le ministère de la Défense, à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire.

Un an plus tard, et bien qu’opposé dans un premier temps à des frappes aériennes en Syrie, par crainte de conforter le président Bachar El Assad, Hollande décide d’infléchir la position. Les premières frappes contre Daech ont lieu fin septembre 2015. Elles s’intensifient quelques jours après les attentats du 13 novembre.

En août 2013, la France a pourtant failli intervenir en Syrie après l’attaque chimique dans une banlieue de Damas. Mais elle est finalement lâchée par le président des États-Unis, Barack Obama. Dans un livre-entretien paru en octobre 2016, Un président ne devrait pas dire ça, Hollande livre ses regrets : « Ce qui se serait passé [s’il y avait eu l’intervention en 2013], je pense, c’est que le régime aurait été affaibli, l’opposition plus forte, et Daech ne serait pas apparu comme ça, même s’il existait déjà en Irak« , raconte-t-il aux auteurs.

En février 2016, le journal Le Monde révèle que la France mène des opérations militaires secrètes en Libye, et rapporte la présence de forces spéciales françaises et d’agents secrets. Officiellement Paris n’intervient pas en Libye mais la mort de trois militaires en juillet 2016 contraint finalement la Défense à reconnaître officiellement qu’elle est présente sur le territoire libyen.

Enfin sur le territoire national, l’opération Sentinelle est déclenchée en janvier 2015 après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher pour appuyer le travail des policiers et des gendarmes. En trois jours, 10 500 militaires sont déployés. Ils sont aujourd’hui 7 000 sur le territoire.

Si l’actuel chef de l’État est parfois présenté comme chef de guerre sans état d’âme en raison du nombre d’opérations militaires engagées pendant le quinquennat, il faut toutefois rappeler que Nicolas Sarkozy totalisait trois interventions au cours de son mandat : en Afghanistan (initiée sous Jacques Chirac), en Côte d’Ivoire, et en Libye. Depuis le début du quinquennat Hollande, 30 militaires sont morts en opérations extérieures, contre 101 sous Sarkozy.

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