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Frappes occidentales contre la Syrie : Macron va-t-il suivre Trump ?

Alors que son prédécesseur François Hollande exprime dans un livre ses regrets de ne pas avoir engagé d’opération militaire en Syrie en 2013, Emmanuel Macron a indiqué qu’une décision sur une éventuelle intervention militaire avec ses alliés américain et britannique serait prise dans les prochains jours.

Lors de son interview télévisée accordée jeudi 12 avril à TF1, le président français a assuré que Paris détenait « la preuve » que le régime syrien avait eu recours à des armes chimiques – « au moins du chlore » – le samedi 7 avril dernier dans la Ghouta orientale en Syrie. Dans le même temps, il a indiqué qu’une décision serait prise sur une éventuelle action militaire une fois que toutes les informations auraient été vérifiées.

« Les missiles arrivent », enfin pas tout de suite

Son homologue américain Donald Trump – que Macron doit rencontrer la semaine prochaine à Washington – avait de son côté dès lundi fait savoir que Washington prendrait « une décision majeure dans les prochaines 24 à 48 heures », après l’attaque à l’arme chimique, considérée comme une « ligne rouge » selon les Occidentaux. Deux jours plus tard, mercredi, le président américain écrit sur son compte Twitter que « les missiles arrivent ».

Puis rétropédalage jeudi. Le président américain a affirmé « ne jamais avoir dit quand une attaque contre la Syrie pourrait avoir lieu. Peut-être bientôt, ou peut-être pas si tôt que ça ». La Maison Blanche a finalement indiqué hier qu’« aucune décision définitive n’a été prise », précisant que Washington continuait à chercher les preuves de la responsabilité de Damas dans cette attaque à l’arme chimique et à consulter ses alliés.

À Londres, la Première ministre a obtenu jeudi soir l’aval de ses ministres pour prendre des mesures avec la France et les États-Unis afin de dissuader Damas de recourir à nouveau à des armes chimiques. Mais la participation britannique est loin d’être certaine dans la mesure où de nombreux députés demandent à Theresa May de ne pas prendre de décision sans l’accord de la chambre des Communes.

Une riposte française divise la classe politique

En cas de frappes, Emmanuel Macron endossera pour la première fois de son quinquennat les habits de chef de guerre. Mais une éventuelle riposte militaire divise, tout comme au Royaume-Uni, et comme en 2013, la classe politique française. À droite, Christian Jacob, le chef de file des députés du principal parti d’opposition à l’Assemblée nationale française, Les Républicains, a demandé vendredi « un débat sans vote » sur d’éventuelles frappes de représailles en Syrie, exhortant l’Exécutif à agir sur ce sujet « avec beaucoup de sang-froid ».

De son côté, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que la France n’avait « aucune raison de participer à des actions de représailles qui, en définitive, n’ont aucun sens dans le contexte actuel ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a quant à elle adressé un message vidéo à Emmanuel Macron dans lequel elle lui demande de ne pas « recommencer » en Syrie les interventions occidentales en Irak et en Libye.

Le scénario d’un débat sans vote n’est pas envisagé par le gouvernement. Interrogé vendredi sur BFM-TV et RMC, le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, Christophe Castaner, a indiqué que la décision de mener des frappes en Syrie n’avait pas vocation à être publique. « Ça n’a pas vocation à être public, parce que ce serait mettre en risque la qualité de l’opération et les femmes et les hommes qui devraient intervenir ».

En France, selon l’article 35 de sa Constitution, le gouvernement est tenu d’informer « le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger au plus tard trois jours après le début de l’intervention », en précisant les objectifs poursuivis. « Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote », indique également le texte. De plus, lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement.

Crédibilité de Macron

Sur ce dossier, Emmanuel Macron joue sa crédibilité en politique étrangère. Alors qu’il a plusieurs fois martelé que l’utilisation d’armes chimiques contre les civils était une ligne rouge à ne pas franchir, et que cette notion ne rimait à rien si elle n’était pas respectée, son recul sur une intervention pourrait le discréditer. « Sur les armes chimiques, j’ai fixé une ligne rouge, je la réaffirme très clairement », avait dit mi-février le président français. « Si nous avons des preuves avérées que les armes chimiques proscrites par les traités (…) sont utilisées, nous frapperons l’endroit d’où ces envois sont faits ou sont organisés. La ligne rouge sera respectée par une réplique ».

Si Washington et Londres renoncent à une intervention militaire en Syrie, il sera donc contraint d’y aller seul. Dans le cas contraire, le jeune président se retrouvera dans la même situation que François Hollande à l’été 2013, et montrera que la France reste dépendante de ses alliés. Après l’attaque chimique dans une banlieue de Damas, la France souhaite intervenir en Syrie. Le président français s’entretient alors avec ses homologues américain et britannique. Une date d’intervention conjointe est fixée au 1er septembre. Mais David Cameron, alors Premier ministre, essuie un échec au Parlement britannique. Obama recule. Hollande seul va renoncer. Cinq ans plus tard, l’ancien président français exhorte son successeur à « une réaction forte ».

“Concertation” avec Moscou

Selon l’Élysée, Macron s’est entretenu ce vendredi matin par téléphone avec Vladimir Poutine, allié de Damas. Au cours de cet échange, il a souhaité « une intensification de la concertation entre Paris et Moscou pour ramener la paix en Syrie », selon le communiqué.

De son côté, le Kremlin a mis en garde son homologue français contre tout « acte irréfléchi et dangereux » en Syrie. « Avant l’achèvement de l’enquête [sur les allégations de l’utilisation d’armes chimique par Damas dans la Ghouta], il est conseillé d’éviter les accusations infondées contre quiconque », a estimé le président russe, selon un communiqué du Kremlin.

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