L’Algérie est confrontée depuis plusieurs semaines à une montée en puissance des revendications sociales dans la Fonction publique.
Pour la deuxième fois en une semaine, le gouvernement s’est exprimé ce jeudi 6 mai sur la situation sociale marquée des grèves et des rassemblements dans plusieurs secteurs.
Le mouvement le plus notable est sans doute celui des agents de la Protection civile qui ont tenté de marcher le 2 mai sur le siège de la présidence de la République.
Le même jour, le président de la République avait ordonné en plein Conseil des ministres l’ouverture d’un dialogue avec les partenaires sociaux notamment des secteurs de l’Éducation et de la santé.
| Lire aussi : Grèves et contestation sociale : l’ANP dénonce des « manigances » et met en garde
Le 4 mai, c’est l’ANP qui a évoqué le sujet dans le nouveau numéro de la revue El Djeich, accusant les « opposants au changement » d’être derrière ces mouvements pour perturber les prochaines élections législatives « en l’exploitation des problèmes professionnels des travailleurs ». L’armée avait aussi mis en garde que la stabilité du pays était « une ligne rouge ».
Dans un communiqué mis en ligne ce jeudi 6 mai, les services du Premier ministre réitèrent les mêmes accusations et la même mise en garde. Tout en faisant part de sa détermination « à poursuivre le dialogue avec tous les partenaires sociaux pour consolider la paix sociale », le gouvernement se dit aussi déterminé à faire face avec fermeté à toute tentative d’atteinte à l’ordre public.
Tout en reconnaissant que la grève est un droit constitutionnel, le gouvernement souligne que « l’étude et le traitement des revendications exprimées doit se faire suivant une approche graduelle qui prenne en compte les retombées de la crise économique et sanitaire que traverse le pays » et « qu’on ne peut laisser affecter le niveau de vie des citoyens ».
« Des mouvements malintentionnés cherchant à semer la fitna »
Les services du premier ministre réitèrent les accusations de tentative de déstabilisation à l’égard de « certains mouvements ». « Il a été constaté dernièrement que l’activité syndicale a été inondée et exploitée par des mouvements malintentionnés cherchant à semer la fitna, des mouvements qui ont été débusqués et leurs plans dénoncés », lit-on dans le communiqué.
| Lire aussi : Contestation sociale : l’urgence d’une relance économique
Pour le gouvernement, la majorité du peuple algérien est engagée dans le « processus de changement et de renouveau », contrairement à cette « minorité dont certains de ces membres activent à l’étranger pour semer le désespoir et le découragement et faire échec au processus de changement et de lutte contre la corruption qui, inévitablement, disparaîtra ».
« Le droit de grève ne doit pas s’exercer en dehors des lois y afférentes », rappellent les services du Premier ministre, qui estiment que néanmoins ces pratiques sont nées pendant le règne de « la Issaba », ces deux dernières décennies, des « pratiques qui sont sorties du cadre de la revendication légitime des droits à la logique de l’illégalité, ignorant l’impératif de la continuité du service public ».
Le gouvernement lance enfin un appel à privilégier la « voie de la sagesse pour dépasser la situation socio-économique actuelle par un dialogue responsable qui garantit un traitement équilibré et réaliste de toutes les préoccupations exprimées ».
Le 28 avril, le premier ministre Abdelaziz Djerad s’est exprimé pour la première fois sur la situation sociale, lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement.
« Certes, l’exercice des libertés syndicales est un droit consacré par la Constitution et garanti par la Loi, mais son exploitation abusive et arbitraire ne sera que contre-productive », avait mis en garde Djerad.
Il a ajouté que « l’obstination à suivre cette approche exagérée ne peut être considérée que comme une manœuvre visant à servir des objectifs clairs, même s’ils ne sont pas déclarés, visant à perturber le climat de changement que les pouvoirs publics ont initié, notamment par l’installation des nouvelles entreprises dans le cadre du projet de l’édification de l’Algérie nouvelle dans laquelle tout citoyen trouvera les conditions idoines à l’accomplissement de ses obligations et à l’exercice de ses droits. »