Le Pr Kamel Senhadji, directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, donne des précisions sur la réouverture des frontières, le déroulement des contrôles dans les aéroports, et évoque la fabrication du vaccin Spoutnik V en Algérie. Entretien.
Le président de la République a donné le feu vert pour l’ouverture partielle des frontières. Une réaction ?
C’est une très bonne solution. On n’est pas en droit d’empêcher les Algériens de rentrer chez eux. On était pratiquement en non droit, mais bon c’était calculé et ça valait la peine. Cela nous a permis de maîtriser des aspects néfastes par rapport aux variants.
Ce dépassement nous a empêché d’importer une situation catastrophique qui aurait été générée par les variants, mais ce n’était que temporaire.
C’est une très bonne nouvelle d’avoir décidé de rouvrir les frontières. Il y a une organisation sur le plan pratique qui est en train de se mettre en place.
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C’est de mettre au niveau des postes frontières des laboratoires dédiés de grande surface et les doter d’un équipement spécifique qui va permettre d’être sûr par rapport au diagnostic et ne pas laisser passer à travers les mailles du filet certains variants.
Ces laboratoires seront dotés d’équipements PCR qui vont nous permettre de détecter pratiquement 100 % des cas de contamination. Ensuite, dans le cas de positivité, de séquencer et savoir quelle est l’origine du variant.
En cas de positivité, l’opération est de cerner quelles sont les structures hôtelières qui permettent de confiner les cas qui sont signalés positifs à l’aéroport et pour lesquels on va analyser la séquence pour déterminer le genre éventuel de variant.
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Quelle évaluation faites-vous de la campagne de vaccination dans le pays ?
Elle commence à devenir positive. Elle n’était pas satisfaisante. Je peux dire négative parce qu’on aurait aimé vacciner plus et qu’on était pris entre un étau.
On ne produit pas de vaccins contre la Covid-19, on était à la merci d’une acquisition qui nous a généré une dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
C’était une situation très difficile, mais actuellement on commence à avoir des acquisitions et des arrivages de vaccins. Ce n’est pas encore suffisant, et les choses vont s’accélérer dans les deux ou trois prochains mois avec les disponibilités qui seront plus importantes car les pays européens auront vacciné un grand nombre de leur population.
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Il y aura des disponibilités pour acquérir des vaccins un peu plus facilement, et aussi en parallèle nous avons lancé la mise en place et la transformation de l’usine de Constantine.
On est en collaboration avec les Russes qui sont en train de nous aider pour nous dire quels sont les équipements qu’il faut garder, quels sont les équipements qu’il faut acquérir neufs à adapter pour fabriquer localement le vaccin Spoutnik V.
Il y aura toutes ces transformations techniques et technologiques, c’est tout à fait normal. Ce sont les Russes qui ont fabriqué en premier ce vaccin et c’est eux qui nous disent quels sont les équipements qui sont dédiés à cette vaccination spécifiquement.
Et on a lancé aussi la formation des jeunes qui vont participer à cette fabrication, contrôle, etc. pour que ce soit un vaccin conforme.
Le ministère de l’Industrie pharmaceutique est en train de chapeauter cette opération et de l’organiser de façon très efficace. Il nous a fait savoir qu’il y aura probablement disponibilité vers le mois de septembre. Je dirais qu’avant la fin de l’année, on aura produit le vaccin Spoutnik made in Algeria.
On assiste actuellement à une décrue de l’épidémie en Algérie malgré le relâchement sur les mesures barrières. Comment l’expliquez-vous ?
On ne peut pas le démontrer à 100 %, mais l’effet saisonnier a probablement une influence. L’été, la belle saison estivale, la chaleur, la lumière, etc. On sait que la lumière, par exemple les ultraviolets qui se trouvent dans le soleil – le rayonnement est actuellement important-, ont une influence sur l’évolution du virus.
Il doit y avoir probablement une diminution par rapport au temps, au climat, à l’humidité, etc. On a une baisse sûrement indirecte qui est liée à ces facteurs, et aussi dans le monde entier c’est une baisse qui commence à se faire sentir de par la vaccination.
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Parce que la vaccination au niveau mondial commence à atteindre des niveaux intéressants qui peuvent se traduire par un effet positif sur la baisse des contaminations.
On a de plus en plus de personnes vaccinées, donc par voie de conséquence on a de moins en moins de charge virale donc de moins en moins de possibilité de faire propager par les gens la contamination entre eux.