Société

Fuite des cerveaux : sortir des faux fuyants et engager une vision d’avenir

TRIBUNE. La fuite dite des cerveaux, qu’organisent et encadrent certains pays développés pour couvrir leurs propres besoins, a les mêmes causes que celles qui poussent des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, diplômés ou non, cadres ou chômeurs, à prendre les chemins périlleux, et parfois mortifères, de la harga.

Cette tragédie de fuite des cerveaux et de la harga, car pour un pays, c’est une tragédie que de voir ses enfants, sa sève, le fuir, résume à elle seule le malaise d’une société qui a mal en son quotidien et qui désespère de le voir changer.

Elle exprime en réalité une irrésistible quête de changement profond face à l’absence criante de perspectives d’avenir suffisamment crédibles et perceptibles pour produire de l’engagement sur place, dans son propre pays.

L’acte de partir ailleurs, de quitter son pays et les siens, est toujours, d’une manière ou d’une autre, et quels qu’en soient les motifs, un acte forcé, un exil.

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Et cette tragédie algérienne n’échappe pas à cette constance qui touche de plus en plus des secteurs extrêmement vitaux pour notre pays et insuffisamment sécurisés.

Elle dévoile une Algérie bloquée, bercée aux fausses promesses et aux effets d’annonces démesurés et incapable d’offrir des conditions d’épanouissement recherchées ailleurs.

Alors au lieu d’être dans le faux fuyant avec des analyses fallacieuses ou superficielles, qui démontrent une forme d’impuissance et l’absence d’imagination, il faut commencer par une juste et courageuse appréhension des raisons du désespoir ambiant, de cette colère silencieuse et de cette violence que s’inflige tout candidat à l’exil, si l’on veut vraiment décliner une vision qui permet d’entrevoir un avenir possible et de redonner espoir et confiance dans la viabilité de notre pays, en particulier à notre jeunesse !

Les Algériens ont une préoccupation commune, un besoin avide de changement et une impatience légitime de voir l’Algérie se forger un avenir à la mesure de ses considérables potentialités humaines et naturelles.

Ils veulent inaugurer une nouvelle ère, faite de relations humaines équilibrées, de consensus dans la société qui soient porteurs d’apaisement et d’intégration nationale, de démocratie, de justice et de bonne gouvernance qui bannit, à tous les niveaux, la médiocrité, la corruption, l’injustice, le clientélisme et le népotisme.

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Autant de maux qui contribuent, aux côtés du déclassement lancinant que subissent toutes les couches de la société, à la fuite de nos jeunes, de nos talents et de nos cadres.

Enfin, et pour cesser de subir, de constater et de rester immobile, voire désarmée, face à cette tendance de fond, l’Algérie peut utilement et rapidement transformer cette contrainte en opportunité en engageant avec force un plan d’actions d’envergure à destination de notre diaspora, ses cadres, scientifiques, artistes… Et tous nos potentiels et talents exilés afin de leur permettre d’apporter leur contribution au développement de notre pays et de ses compétences, et de dessiner ensemble les contours de l’Algérie espérée, celle qui tient compte des attentes et espérances de tous. C’est le rôle du gouvernement, et en particulier du ministre en charge de la Communauté algérienne à l’étranger et de nos représentations diplomatiques et consulaires, d’engager ce plan d’action destiné à capitaliser sur les compétences de nos ressources à l’étranger.

* Vice-président de Jil Jadid et président de Jil Jadid Monde


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