Vladimir Poutine et Donald Trump ont prévu de se rencontrer vendredi matin en marge du sommet du G20 organisé à Hambourg en Allemagne jusqu’à samedi. La liste des sujets potentiellement explosifs (Syrie, Ukraine) pourrait affaiblir les relations diplomatiques déjà tendues entre les deux pays.
Le sommet du G20 promet d’être explosif. Pour la première fois depuis son arrivée à la Maison blanche, Donald Trump va rencontrer Vladimir Poutine vendredi matin à Hambourg en marge du sommet mondial, a annoncé mardi dernier le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov cité par les agences russes. Si officiellement cette réunion est qualifiée de « rencontre bilatérale normale » par la Maison Blanche, elle sera l’occasion pour les deux dirigeants d’aborder des sujets complexes et potentiellement antagoniques. Des conseillers du président américain très inquiets l’ont d’ailleurs alerté sur les risques que représentait cette confrontation. Par ailleurs, si Vladimir Poutine a affiché un large optimisme devant les photographes au lendemain de l’élection de Donald Trump, l’attitude de l’ancien espion du KGB a bien changé huit mois après l’annonce des résultats.
> Lire aussi : Trump en position pour construire de nouvelles relations avec la Russie
Le dossier explosif de la Syrie
Même si Donald Trump a exprimé son admiration à plusieurs reprises pour le chef du Kremlin le considérant comme « un modèle présidentiel », les relations entre la Russie et les Etats-Unis sont tendues depuis que Washington a décidé de frapper la Syrie dans la nuit du 6 au 7 avril dernier. Cette décision est intervenue après une attaque chimique imputée au régime de Bachar Al-Assad contre la ville de Khan Cheikhoum. Avec cette action, c’est la première fois depuis le début de la guerre syrienne en 2011 que les Etats-Unis attaquent de manière directe le régime de Bachar Al-Assad, allié notable des Russes. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev avait d’ailleurs déclaré au mois d’avril dernier, que par « son action militaire, l’administration de Trump a prouvé son manque d’indépendance envers l’establishment de Washington ». En réponse, le Kremlin avait décidé de suspendre la coordination militaire avec les Etats-Unis en Syrie pour limiter les incidents. Le président russe avait même affirmé à la chaîne de télévision Mir 24 : « On peut dire que le degré de confiance dans nos relations de travail, notamment dans le domaine militaire, ne s’est pas amélioré mais qu’au contraire il s’est dégradé. »
> Lire aussi : Trump lance ses missiles Tomahawk sur al-Assad après l’attaque chimique en Syrie
Les sanctions contre l’Ukraine
Sur ce dossier, les relations entre les Etats-Unis et la Russie sont très loin d’être apaisées. Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, la Russie est sous sanctions internationales. Le pays est accusé de soutenir les rebelles pro-russes dans l’Est de l’Ukraine, ce que l’exécutif russe dément régulièrement. Mais lors du sommet du G7 à la fin du mois de mai dernier, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a affirmé à plusieurs reprises que les sanctions seraient maintenues tant que les accords de paix de Minsk ne seraient pas appliqués.
> Lire aussi : Ukraine : Trump refuse d’alléger les sanctions russes, à la demande du président du Conseil européen
Le président russe a d’ailleurs vivement critiqué ces sanctions à la veille du G20 en expliquant dans le journal économique allemand Handelsblatt que ces sanctions « ne sont pas seulement sans perspective, mais vont à l’encontre des principes du G20 sur une coopération dans l’intérêt de tous les pays du monde ». Il a ajouté que « le protectionnisme évolue en une règle de conduite, et des sanctions unilatérales, décidées pour des raisons politiques sur les investissements, le commerce et en particulier le transfert de technologie en deviennent une forme cachée ».
Par ailleurs, la position de Trump vis à vis de l’Ukraine est restée ambiguë pendant des années. En effet, son ancien directeur de campagne Paul Manafort a entretenu de troubles liens politico-financiers avec l’Ukraine. Ce dernier a notamment conseiller l’ancien président très controversé Viktor Ianoukovitch aujourd’hui exilé en Russie alors que se tient actuellement son procès par contumace à Kiev. L’ancien dirigeant est notamment jugé pour haute trahison. Paul Manafort est soupçonné d’avoir reçu 22 versements entre 2007 et 2014 pour un montant total de 25 millions de dollars provenant du parti de Viktor Ianoukovitch.
> Lire aussi : Qui est Paul Manafort, le conseiller de Trump soupçonné de collaborer avec la Russie ?
Donald Trump est actuellement inquiété par les soupçons qui pèsent sur le rôle de la Russie dans la campagne présidentielle américaine. Les preuves de connexions entre différents membres de son équipe de campagne, des conseillers et secrétaires et des membres de l’administration russe se multiplient. Par ailleurs, l’autre volet qui intéresse fortement les enquêteurs concerne les probables interférences du Kremlin dans l’affaire des mails de Clinton.
> Lire aussi : La troublante affaire des e-mails de Clinton plombe sa campagne
Pour tenter de se protéger et réduire les soupçons qui pèsent sur lui et son administration, le milliardaire a récemment limogé l’ancien directeur du FBI James Comey qui enquêtait sur ses liens avec la Russie.
> Lire aussi : Limogeage du directeur du FBI : cinq dates pour comprendre l’affaire
Mais cette décision n’a fait qu’affaiblir la crédibilité de l’ancien présentateur de télé-réalité aux yeux de l’opinion publique au point que 48% des Américains seraient favorables à sa destitution.
Lire aussi : Pourquoi une destitution de Trump serait longue et complexe
« Plus d’information sur l’économie et la finance sur latribune.fr »