Le chef d’état-major de l’ANP a apporté ce mardi son soutien au projet de loi controversé sur les hydrocarbures, adopté dimanche par le Conseil des ministres.
« C’est dans le prolongement des mêmes efforts et démarches, que s’inscrit la tenue du Conseil des ministres en date du 13 octobre en cours, pour l’approbation de projets de lois importants, à l’instar des lois des finances et des hydrocarbures, qui constituent une véritable plus-value à même de relancer l’économie nationale et donner un nouveau souffle à l’investissement dans les différents secteurs économiques stratégiques », a déclaré Ahmed Gaïd Salah dans une allocution prononcée lors d’une visite de travail au commandement des forces navales.
Pour rappel, le projet de loi sur les hydrocarbures a suscité de vives réactions. Dimanche, alors qu’il était examiné en Conseil des ministres, des milliers de citoyens s’étaient rassemblés devant le siège du Parlement pour exprimer leur rejet du texte.
Vendredi, lors du trente-quatrième acte du hirak, les manifestants avaient également exprimé la même défiance vis-à-vis de la teneur du projet de loi, qui, estime-t-on, accorde de nombreux avantages aux multinationales pétrolières.
C’est surtout le timing choisi pour faire passer le texte qui a fait réagir, experts et citoyens estimant qu’il n’y a pas urgence et que le gouvernement pouvait attendre l’élection d’un nouveau président de la République et le laisser choisir lui-même l’orientation de sa politique économique.
Les critiques ont fusé jusque dans le camp des partis politiques et personnalités proches du pouvoir. Parmi les candidats à la prochaine élection présidentielle, au moins trois se sont exprimés sur le sujet.
Ali Benflis a rappelé que le dossier des hydrocarbures est la cause de ses « divergences » avec le président Bouteflika en 2003, indiquant qu’ « il est inconcevable dans cette situation particulière, caractérisée par l’illégitimité des institutions, en particulier du gouvernement et du Parlement, d’agir sur le sort des richesses de l’Algérie ».
« Il s’agit de la principale ressource de l’économie, qui couvre l’essentiel des besoins du pays. Rien ne justifie l’application de ce texte dans l’immédiat. Il échoit au président élu d’ouvrir le débat sur le dossier des hydrocarbures et la diversification de l’économie et auquel participera les experts dans l’énergie et des spécialistes dans tous les domaines économiques et de l’investissement », a réagi pour sa part le RND, parti du candidat Azzedine Mihoubi.
« Le temps n’est pas propice actuellement à un débat serein. Seul le futur président élu aura la légitimité nécessaire pour porter ce projet », a estimé de son côté Abdelaziz Belaïd.
Abdelaziz Rahabi a estimé que « le dernier gouvernement de Bouteflika n’a ni autorité morale ni politique pour toucher aux bijoux de famille après avoir dilapidé 2000 milliards usd sans reddition de compte ».