Lorsqu’en septembre 2015, le départ du chef des renseignements, le puissant général-major, Mohamed Mediene a été annoncée officiellement, concluant ainsi une campagne menée tambour battant par l’ex-secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, beaucoup avaient spéculé sur la future victime : le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP).
Dans certains milieux, on avait même avancé des dates, le 1er novembre suivant, puis le mois de juillet de l’année suivante. Mais c’était compter sans la puissance de l’Homme, ses réseaux et sa proximité avec le cercle présidentiel.
On se souvient comment, faisant fi de la réserve que devrait observer l’institution militaire, il avait félicité la réussite du congrès du FLN, parti majoritaire qui compte le plus de ministres dans le gouvernement sans compter les cadres supérieurs qui occupent des postes divers.
Cinq ans plus tard, force est de constater que Gaid Salah demeure droit dans ses « bottes », donnant l’impression de ne pas être perturbé, ni par les spéculations, ni par les remous qui agitent la scène nationale suite à l’affaire de la cocaïne.
Mieux, il donne l’impression d’être renforcé par les récents changements opérés à la tête de la DGSN et de la Gendarmerie nationale. Ses relations tendues avec l’ex-patron de la police étaient un secret de polichinelle, tout comme sa proximité avec le nouveau patron de la gendarmerie le général Belekcir.
Ce mercredi 4 juillet, au siège du MDN à l’occasion de la cérémonie de remise de grades et de médailles à un nombre d’officiers supérieurs et de cadres du MDN, Ahmed Gaid Salah, de plus en plus présent sur le plan médiatique à la faveur de ses sorties récurrentes dans les régions militaires, apparaissait très serein.
« Avec beaucoup de joie et de gratitude, j’ai l’honneur aujourd’hui de superviser officiellement au nom de son Excellence, Monsieur le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, la cérémonie de remise des grades et des médailles, au siège du ministère de la Défense nationale, vous souhaitant à tous, que ces promotions et distinctions constituent une nouvelle motivation qui vous encourage à aller de l’avant vers plus de réussites professionnelles, au profit de notre Armée et notre Patrie », a affirmé Gaid Salah.
Fidélité
Il évoque le mérite « de l’honnêteté et de l’intégrité ». « On a insisté à plusieurs occasions qu’en honorant un parcours professionnel, on attribue à la fidélité son sens propre et profond et vous savez que la fidélité prend tout son sens quand le cadre, peu importe son grade ou ses responsabilités, je dis quand le cadre se distingue par ses bonnes intentions, son honnêteté envers lui-même, puis envers la Patrie mais en premier et en dernier lieu envers Allah le Tout-Puissant, en faisant preuve d’intégrité, qui signifie à son tour la sincérité dans le travail et la loyauté envers le devoir, comme elle signifie aussi la droiture, la probité et la discipline professionnelle ».
« Ce sont toutes ces qualités désirées, voire exigées et impératives, dont on a besoin afin d’être le modèle à suivre (…) tels sont les traits pour lesquels nous œuvrons, avec l’aide d’Allah le Tout-Puissant, et auxquels nous accordons une importance extrême afin de les ancrer au sein des rangs de l’ANP, digne héritière de l’Armée de Libération nationale ».
On ignore si c’est en raison de la solennité de l’occasion, la fête d’indépendance, ou pour ne pas donner du grain à moudre à ses contempteurs et adversaires, mais Ahmed Gaid Salah, qui n’hésitait pas, lors de ses récentes sorties, pour mettre en garde certains milieux sur les questions de sécurité notamment, mais qu’il ne désigne pas nommément cependant, s’est gardé de tout propos susceptible de trahir quelques intentions ou de prêter le flanc aux supputations.
Surtout que dans le landernau politique algérois, on ne s’est pas empêché de lier le dernier limogeage du DGSN, Abdelghani Hamel à un prétendu bras de fer avec lui autour de l’enquête menée sur la saisie des 701 kg de cocaïne.
Lors de l’installation mercredi du Général Ghali Belekcir en tant que nouveau Commandant de la Gendarmerie nationale en remplacement du Général-Major Menad Nouba, qui semble porter la « griffe » du chef d’état-major, Gaid Salah a évoqué le sens des responsabilités.
« J’avais évoqué, lors de quelques occasions passées, la question de la responsabilité, et je le réitère devant vous aujourd’hui, la responsabilité de conduire des hommes avec vive conscience, avec mérite professionnel, avec intégrité et loyauté en s’acquittant du devoir, est une responsabilité de grande noblesse et d’extrême importance, loin d’être simple ou aisée, requérant de la patience et de la sagesse avec les subordonnés, et une attention complète et continue à leur environnement de travail, à leurs conditions de vie et leur relationnel, en veillant en permanence à réunir tous les facteurs à même de garantir leur bon moral, que nous considérons comme étant l’une de nos priorités au sein de l’Armée Nationale Populaire, digne héritière de l’Armée de Libération Nationale ».
Mais dans un système opaque ou les apparences de puissance et de fidélité envers le président sont parfois trompeuses, la méfiance est de rigueur. Une méfiance alimentée par les spéculations sur la montée en puissance d’un tel ou tel haut responsable et les rumeurs propagées sur sa prochaine disgrâce.