search-form-close
Gaïd Salah livre un schéma de la bataille qui se joue actuellement

Gaïd Salah livre un schéma de la bataille qui se joue actuellement

C’est devenu presque une routine depuis le début du mouvement populaire. Le peuple sort dans la rue les vendredis et l’armée s’exprime sur la situation les mardis.

Ce 16 avril, Ahmed Gaïd-Salah a encore parlé, et ce n’est pas pour ne rien dire. Le chef d’état-major de l’ANP n’a peut-être jamais été aussi déterminé dans ses engagements, aussi direct dans ses accusations et aussi précis dans la désignation des parties qui pousseraient au pourrissement.

La situation du pays est d’une gravité qui ne peut s’accommoder des insinuations et des précautions. C’est le premier sens à donner aux propos crus d’Ahmed Gaïd-Salah. Le blocage de la situation à cause de l’insistance à ne pas sortir du cadre constitutionnel, induisant la présence à la tête des principales institutions de personnages indésirables, et la dérive répressive des forces de l’ordre vendredi dernier, de la police précisément, ont valu au chef de l’armée les premières critiques directes depuis le début des manifestations.

Ce quiproquo, Gaïd-Salah a fait plus que le lever dans son discours de ce mardi. De ses propos se dégage comme un schéma aux contours clairs de la bataille qui se joue en ce moment : le peuple qui réclame le changement d’un côté, et les partisans de l’ancien président, menés par l’ancien chef du DRS, qui ne désespèrent pas de renverser la vapeur, de l’autre. L’armée, assure son chef, est du côté du premier. Faut-il le croire ? En attendant les actes, voilà ce qu’il dit : non seulement il n’a pas ordonné de gazer une foule compacte et de déshabiller des manifestantes, il promet en plus qu’il veillera à ce que cela ne se reproduise plus et que ne coulera pas une seule goutte de sang algérien.

Le serment est d’une telle solennité qu’il est difficile de penser qu’il ne sera pas tenu. Le message est d’une limpide clarté : les pyromanes sont dans l’autre camp et ce sont eux qui, par leurs manœuvres visant à contourner les aspirations du peuple, font retarder la solution. Avant de s’en occuper comme il le promet à travers la mise en garde adressée au général Toufik, il fallait cet exercice d’explication.

Gaïd a peut-être fait plus que prendre à témoin l’opinion. Son discours peut en effet s’apparenter à une invitation directe des Algériens à continuer à manifester pacifiquement. « L’étape principale étant concrétisée, elle sera, certainement, suivie par d’autres jusqu’à la réalisation de tous les objectifs escompté », dit-il dans son discours.

Sollicite-t-il un blanc-seing du peuple pour passer à une autre étape ? On n’en sait rien, mais on ne peut s’empêcher de retenir que pour la première fois, Gaïd Salah a presque jeté aux orties sa sacro-sainte solution constitutionnelle. « Toutes les perspectives possibles restent ouvertes », pour peu que ne soit pas « perturbé » le fonctionnement des institutions.

Pour ceux qui réclameraient des actes, le général de corps d’armée a peut-être anticipé leur scepticisme avant même de prononcer son discours qui s’apparente à une révolution dans la révolution : dans la matinée de ce mardi, le plus « bouteflikien » des trois B a jeté l’éponge.

  • Les derniers articles

close