Le général de corps d’Armée Ahmed Gaid Salah, vice-ministre de la Défense nationale et d’état-major de l’ANP, effectue ce lundi une visite de travail et d’inspection de trois jours à la troisième Région militaire à Béchar.
Selon un communiqué du MDN, Ahmed Gaid Salah supervisera l’exécution d’exercices tactiques avec munitions réelles au niveau des trois secteurs opérationnels. « Il tiendra également des réunions d’orientation avec les cadres et les personnels des unités de la 3e Région militaire », précise le MDN.
Lors de ses précédentes sorties, Gaid Salah s’est souvent montré disert, n’hésitant pas à s’exprimer sur des sujets d’actualité, y compris la présidentielle.
Aujourd’hui, son intervention sera particulièrement attendue. Non seulement que cette sortie intervient dans le prolongement d’un vaste mouvement dans la haute hiérarchie militaire, mais qu’elle survient également dans un contexte marqué par des déclarations pour le moins belliqueuses de l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar. Celui-ci a menacé l’Algérie, accusant son armée d’avoir effectué des incursions dans le territoire libyen.
Gaid Salah le répète presque à chacune de ses sorties : la sécurité et la stabilité de l’Algérie sont une « ligne rouge ». Répondra-t-il aux « insultes » de Haftar, comme les a qualifiés le président du MSP, Abderazak Makri ? S’il faut se garder de toute projection définitive, il apparaît toutefois peu probable que le vice-ministre de la Défense fasse des déclarations sur le sujet. Pour au moins deux raisons essentielles.
D’abord, tous s’accordent à dire que la sortie de Haftar est surtout destinée à consommation interne. Haftar semble tétanisé par son incapacité à influer sur la situation à Tripoli. Une éventuelle réponse d’Alger sera considérée comme une reconnaissance et donnera une légitimité pour ce personnage hostile à l’approche algérienne encourageant la réconciliation en Libye « sans exclusive ».
Ensuite, dans les usages diplomatiques établis, si réaction il devrait y avoir, elle devrait revenir au ministère des Affaires étrangères et donc par ricochet à la présidence de la République qui constitutionnellement définit et oriente la politique étrangère de l’Algérie. Et il est connu, du point de vue doctrinal, que l’Algérie ne traite qu’avec des institutions légitimes et reconnues. À ce titre, si l’Algérie souhaite des explications, elle le demanderait certainement au gouvernement de Saradj, reconnu par la communauté internationale.
Concernant les éventuelles incursions de l’armée algérienne dont parle Haftar, l’Algérie ne s’en cache pas : pour des raisons sécuritaires, l’armée algérienne a été amenée à traquer des terroristes et à aider les populations frontalières mais sans pour autant apparaître comme une intervention dans le territoire libyen.
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