search-form-close
Gaz de ville en Algérie : pourquoi tant de drames ?

Gaz de ville en Algérie : pourquoi tant de drames ?

Les explosions dues au gaz se multiplient en Algérie. Leur fréquence est inquiétante. Aux drames provoqués par ces accidents s’ajoutent ceux de l’asphyxie par monoxyde de carbone émanant des chauffages à gaz.

Deux mois après l’explosion de Ain Oulmène (Sétif), un drame presque similaire s’est produit dans la wilaya limitrophe de Bordj Bou Arreridj.

Près d’une vingtaine de citoyens, 8 et 10 respectivement, y ont trouvé la mort. Dans les deux incidents, des familles entières ont été décimées.

Le bilan est terrible et inacceptable, d’autant plus que les deux explosions étaient évitables, si la réglementation avait été appliquée et si toutes les parties avaient joué leur rôle.

Pour que deux incidents d’une telle ampleur surviennent dans un intervalle de temps réduit et presque dans la même région, c’est qu’il y a un grave problème et des défaillances à tous les niveaux.

Entre ces deux drames, un autre s’est produit vers la mi-mars à Annaba, où un enfant avait trouvé la mort dans une explosion due au gaz de ville, survenue dans un bâtiment. Le bilan aurait pu être plus lourd si ce n’est l’alerte donnée par un riverain qui a sauvé de nombreuses vies.

A chaque fois, on entend « plus jamais ça », mais les drames se succèdent à un rythme inacceptable. A Ain Oulmene, c’est la jungle de l’urbanisme et le manque de suivi des activités industrielles qui ont été pointés du doigt. Des produits inflammables entrant dans la fabrication de cosmétiques étaient stockés dans un garage au beau milieu d’une zone résidentielle. 

Les produits inflammables ou sensibles sont pourtant régis par des procédures sévères dans toutes les étapes de leur utilisation, y compris pour leur transport. Les stocker dans le rez-de-chaussée d’un immeuble habité est tout simplement impensable.

Dans un pays qui dispose d’un arsenal législatif inhérent à l’urbanisme et aux activités industrielles et d’une pléthore d’administrations, de services et d’agents, une telle irresponsabilité est difficilement explicable. Sinon par le laisser-aller, le peu de cas qui est fait de l’application de la loi et le sentiment d’impunité. 

A Bordj Bou Arreridj, c’est encore le gaz qui a tué. Encore, car cette énergie est devenue en Algérie un véritable tueur, silencieux dans les asphyxies domestiques et bruyant dans les terribles explosions qui se répètent. 

Multiples défaillances pour un même résultat

En octobre 2020, six personnes avaient trouvé la mort dans une explosion due à l’éclatement d’une conduite de gaz dans une zone habitée à El Bayadh. Une entreprise privée qui effectuait des travaux d’excavation avait été incriminée

Le nombre total des décès dus au gaz ces dernières années, par asphyxie due aux fuites et au monoxyde de carbone ou dans les explosions, s’apparente à un petit bilan de guerre.

Dans le cas du dernier incident de Bordj Bou Arreridj, des accusations graves ont été proférées par certains rescapés à l’égard des services de Sonelgaz. Selon des témoignages diffusés par des télés privées, une forte odeur de gaz a été sentie mais la menace n’aurait pas été prise au sérieux.

Il appartient bien entendu à la justice, qui s’est saisie de l’affaire, de déterminer les responsabilités. Dans l’affaire de Ain Oulmène, les responsables directs ont été incarcérés, soit le propriétaire du local et le locataire, et à El Bayadh, l’entrepreneur et des fonctionnaires ont été condamnés. Mais des familles entières ont été décimées et les leçons de ces deux drames n’ont visiblement pas été retenues. Il ne suffit pas de punir les fautifs, il faut prendre des mesures pour éviter la répétition de ce genre de drames.

Non-application de la réglementation et des procédures par les agents de l’Etat, anarchie urbanistique, incivisme des citoyens ou irresponsabilité des entrepreneurs, les cause sont multiples mais le résultat est le même : une énergie censée être une bénédiction qui facilite la vie des citoyens devient source de mort et de destruction. 

  • Les derniers articles

close