Si elle ne change pas la face du monde, la guerre en Ukraine changera au moins la carte mondiale de l’énergie.
L’Europe est résolument décidée à se passer du gaz et du pétrole russes et les alternatives les plus avantageuses qui s’offrent se trouvent dans les pays d’Afrique, dont l’Algérie.
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Une situation jugée d’ores et déjà en Italie d’ « opportunité unique ». « Une chose est certaine après la guerre russo-ukrainienne de 2022 : la géographie de l’énergie va radicalement changer dans les années à venir et verra l’Europe se déplacer (pour ses besoins) d’est en sud, de la Russie à l’Afrique, en passant par la Méditerranée », écrit le journal Il Quotidiano d’El Sud dans une analyse consacrée à la question.
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« Pour l’Italie, c’est une opportunité unique, mais aussi inévitable, qui lui confère également une grande responsabilité », estime le journal.
L’Union européenne importe de Russie 155 milliards de mètres cubes de gaz par an et 3 millions de barils de pétrole par jour, soit respectivement 40 % et un tiers de sa consommation. Estimant que même si la paix revenait vite en Ukraine « rien ne sera comme avant », l’auteur de l’analyse préconise de se « tourner vers l’Afrique ».
L’Italie a déjà pris ses devants, mettant à profit ses relations historiques avec l’Algérie et une brouilleentre cette dernière et l’Espagne qui lorgne également sur le gaz algérien.
Les deux pays du sud de l’Europe aspirent à devenir un hub pour l’entrée du gaz maghrébin, méditerranéen et africain vers le Vieux continent, mais l’Algérie a opté pour l’Italie.
Des investissements sont nécessaires
Le 25 mars, soit quelques jours seulement après le revirement de l’Espagne sur le dossier du Sahara occidental, une source algérienne a déclaré au journal espagnol El Confidencial que l’Algérie « modulera ses relations en direction de certains partenaires de l’Europe du sud qui ont investi en Algérie et qui entretiennent d’excellentes relations traditionnelles avec notre pays. A ce titre, l’Italie est tout à fait qualifiée pour devenir le hub gazier dans la région eu égard à la capacité du gazoduc Enrico Mattei et à la demande et la disponibilité affichées par les opérateurs de ce pays ami ».
Le 11 avril, la promesse s’est concrétisée par la signature entre Sonatrach et le groupe énergétique italien ENI d’un accord pour la livraison de 9 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires par an d’ici à 2023-2024. C’était à l’occasion de la visite en Algérie du Premier ministre italien Mario Draghi. Depuis, l’Algérie a même menacé de couper le robinet à l’Espagne si elle venait à réexpédier du gaz algérien vers le Maroc.
Plusieurs pays méditerranéens et africains (Turquie, Egypte, Nigeria…) disposent de réserves de gaz et de possibilités de fournir l’Europe en quantités supplémentaires et pourraient constituer autant d’alternatives, mais Il Quotidiano d’El Sud souligne que l’Algérie et la Libye ont l’avantage de pouvoir constituer une solution immédiate, étant déjà reliées à l’Europe par des gazoducs qui, lors de leur construction, semblaient inutiles à beaucoup, mais qui aujourd’hui permettent à l’Italie de remplacer « immédiatement » de remplacer une partie des 29 milliards de mètres cubes qu’elle importe de Russie.
Dans les prochaines années, il n’y aura pas de « problèmes physiques » pour l’alimentation de l’Europe en grandes quantités supplémentaires de gaz algérien et libyen. « Il faut juste laisser le temps de faire les investissements d’exploration et de production » nécessaires, assure Il Quotidiano d’El Sud.