Pour les Algériens, le passage de Gérard Collomb au ministère français de l’intérieur ne restera pas gravé dans les mémoires. En effet l’ancien locataire de la Place Beauveau, dont la démission a été officialisée dans la nuit de mardi à mercredi, n’a eu de cesse depuis son installation de durcir les lois sur le droit d’asile et sur l’immigration, et a été, pour beaucoup, le principal artisan du terrible tour de vis dans la politique d’attribution des visas.
Une politique migratoire menée par un ministre dont le cœur a longtemps penché à gauche, que ne renierait pas un ministre… de droite. Quelles que soient les assurances apportées par l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt sur l’absence de « nouvelle réglementation en matière de visas », ou sur le démenti apporté sur la décision de son pays de réduire le nombre des visas attribués aux Algériens, ou encore sur les raisons techniques invoquées par la diplomatie française pour expliquer la difficulté pour un demandeur de visa d’avoir un rendez-vous, la réalité est tout autre.
De fait, quand le président français, en visite à Alger, juge que «le visa n’est pas un projet de vie », il reconnaît explicitement la volonté de son pays de ne plus permettre à toute une frange de la population algérienne de se rendre en France. Avec Gérard Collomb à l’intérieur, le choc fut brutal et se traduisant par la mise en place de mesures draconiennes dans l’attribution d’un visa. Ces mesures ont touché toutes les classes sociales et toutes les professions. Ceux qui obtenaient des visas de circulation longue durée de 2 ou 5 ans, se sont vu offrir au mieux 6 mois, alors que les nouvelles demandes lorsqu’elles ne passaient pas à la trappe, se voyaient offrir 30 jours de validité.
L’ancien ministre de l’Intérieur a également été l’artisan du projet de loi «pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif». Un texte de loi qui avait fait bondir les associations pour sa logique répressive et divisée au sein même de la majorité présidentielle. Sur le droit d’asile, les Algériens avaient eu lors de la visite de M. Collomb à Alger un avant-goût des nouvelles dispositions. L’ancien ministre de l’Intérieur trouvait que les Algériens qui figurent parmi les 10 nationalités ayant déposé le plus de demandes d’asile en France, n’avaient pas à le faire. « Comment se fait-il qu’il y ait des gens qui demandent l’asile? Il n’y a pas besoin de demander l’asile en France. », s’était offusqué Gérard Collomb.
Dorénavant grâce au texte de loi sur le droit d’asile et l’immigration qui ressemble à une batterie de mesures répressives, les demandeurs d’asile déboutés ne pourront prétendre à un autre mode de régularisation ou d’installation et devront quitter le territoire français manu militari. Mais Il y a plus grave : la réduction des délais de recours pour les demandeurs d’asile. Une disposition qui condamne certains à être renvoyés dans leur pays avant même que la justice ne se soit prononcée sur leur cas. Une mesure jugée «cruelle» par les ONG de défense des droits de l’Homme.
Autre mesure phare : le regroupement familial. Désormais ; il faut 24 mois de résidence à un demandeur pour pouvoir déposer un dossier. Sans compter l’aide médicale d’État dont bénéficient aujourd’hui environ 300 000 personnes, limitée aux personnes migrantes souffrant de «maladies graves ou douloureuses», «à la médecine préventive» et aux «soins liés à la grossesse».
L’arrivée d’un nouveau ministre de l’Intérieur peut-il contribuer à assouplir la politique jusque-là menée sur la délivrance des visas et l’immigration en France ? Il y a peu de chance que cela se produise et il est fort probable que l’arrivée au pouvoir dans certains pays européen d’un courant nationaliste et anti-immigration ferme les portes de toute l’Europe aux Algériens.