Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), Lyès Merabet, a estimé, ce mercredi 25 septembre, qu’il aurait été « plus intelligent » de patienter que l’enquête arrive à terme et que les conclusions soient rendues publiques pour déterminer les raisons ayant été derrière l’incendie qui a coûté la vie, mardi tôt le matin, à huit nouveau-nés à Oued Souf et situer les responsabilités des uns et des autres.
Docteur Merabet réagissait aux déclarations de l’Inspecteur général du ministère de la santé sur les ondes de la radio chaine III, incriminant les praticiens de la santé dans ce drame.
« Je pense que dire des choses maintenant alors que l’enquête n’a été lancée qu’hier (mardi, Ndlr), c’est tout à fait maladroit. En ce qui nous concerne, nous en avons marre d’être tout le temps mis en avant comme boucs émissaires pour répondre aux inconséquences et à la mauvaise gestion, à la désorganisation, aux manquements et aux dérapages au niveau du fonctionnement de ces structures de santé », explique Lyès Merabet dans une déclaration à TSA.
Menace de démission collective
Il rappelle qu’il y a tout juste une année, soit en septembre 2018, à Meskiana dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, une technicienne en radio de 24 ans décédait de brûlures contractées suite à un feu déclenchée par un court-circuit.
« On est tous catastrophés par ce qui s’est passé à El Oued, et nous ne pouvons que réitérer nos condoléances aux familles. Il ne faudrait pas s’arrêter à ce niveau-là. Il faut assumer ses responsabilités, aussi il faut être modéré dans sa prise de parole et surtout responsable dans ses déclarations et attendre les conclusions de l’enquête et j’espère en tout pour le syndicat que je représente, que les résultats soient rendus publics, que les sanctions soient exemplaires. Mais avant cela, il faudra d’abord situer les responsabilités et ne pas s’aventurer à désigner à la vindicte des boucs émissaires », a ajouté Dr Merabet.
Le président du SNPSP a révélé que les praticiens de la structure où s’est déroulé le drame ont menacé de démissionner collectivement pour protester contre tout ce qui a été rapporté à leur égard « et pour dire qu’ils refusent de travailler dans de telles conditions. D’autant qu’à chaque fois qu’il y a problème ce sont eux qui sont montrés du doigt ».
« On ne peut pas être juge et partie »
Pour Lyès Merabet, il n’appartiendrait pas à la tutelle de mener l’enquête. « On ne peut pas être juge et partie. Le ministère de tutelle a déclenché des enquêtes dans des situations qui pourraient engager sa responsabilité. En tant que syndicat, nous préférons que les enquêtes soient dirigées par d’autres départements et pourquoi pas par les services du Premier ministère directement ou des cabinets d’experts indépendants. Dans toutes les situations qu’on a vécues, c’est le ministère de la Santé qui a été derrière les enquêtes et les résultats ne sont jamais là », fait observer M. Merabet.
Pour lui, les praticiens de santé publique ne sont pas responsables des maux que connait le secteur de la santé. « Nous ne sommes pas responsables du manque de médicaments. Ce ne sont pas les praticiens de santé publique qui ont été derrière la construction de ces hôpitaux qui ne répondent pas aux normes et qui ont été mis en service malgré l’absence de mesures minimales de sécurité de sorte à intervenir efficacement et aussi éviter qu’il y ait des morts parmi les malades mais aussi parmi les professionnels », explique-t-il avant de préconiser un plan Marshall pour sauver le secteur de la santé.