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Gilets jaunes : les musulmans ne sont pas la cause du “malaise français”

Le démographe Hervé le Bras a dessiné la carte géographique des “gilets jaunes”. Elle recoupe ce qu’il appelle la “diagonale du vide”, ces territoires de France marqués par la “dépopulation” et le retrait des services publics qui rend indispensable l’utilisation d’un véhicule particulier.

On comprend donc l’effet sur le portefeuille des habitants de la hausse des taxes sur le carburant et de toutes les taxes de manière plus générale. La carte ainsi dessinée ne correspond pas à celle des populations immigrées parmi lesquelles se comptent bien entendu les musulmans.

Cette fois, les banlieues n’ont pas bougé et personne ne s’est aventuré à stigmatiser les étrangers. Cela n’a pas échappé au recteur de la Grande mosquée de Paris.

À l’ouverture du Congrès des musulmans de France ce dimanche après-midi sous le verre de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, Dalil Boubekeur ne s’est pas privé de partager son observation.

“Les événements sociaux qui agitent en ce moment notre pays démontrent une vérité trop souvent niée : les musulmans de France ne sont pas la raison du malaise français”, a-t-il relevé.  Et de mettre en garde : “L’islam ne peut plus, ne doit plus servir de diversion ni de bouc-émissaires tout trouvés”.

Les dirigeants politiques qui auraient eu la tentation de mettre en cause les musulmans auraient été mal inspirés puisqu’il soutiennent de manière intéressée les protestataires. Ni les services de sécurité, ni les commerçants ni même les habitants de Paris, outrés par l’ampleur des dégâts, n’ont pointé aussi les jeunes immigrés.

Contrairement à 2005, les banlieues n’ont pas suivi le mouvement qui a embrasé la France. À l’époque, Jacques Chirac avait même rétabli l’état d’urgence pour la première fois depuis la Guerre d’Algérie et instauré le couvre-feu dans les territoires concernés.

Dans les cortèges des gilets jaunes, on a vu des manifestants d’origine étrangère. Mais ils étaient unis dans l’action avec l’ensemble des protestataires se disant victimes du “président des riches”.

Mettant ainsi les musulmans à l’abri d’éventuelles accusations, Dalil Boubekeur a réaffirmé leur “totale adhésion à la République, à ses principes et à ses lois, pour nous-mêmes et pour nos jeunes coreligionnaires”.

“Aujourd’hui, le musulman ne fait pas partie d’une minorité exogène. Il est citoyen à part entière, parmi tous les autres, d’un pays devenu le sien”.

Le Recteur a ainsi répondu aux responsables français qui ont insisté sur les “devoirs” qu’impose la citoyenneté à coté des droits. Ceux notamment garantis par la loi de séparation des églises et de l’État de 1905 et dont on fête ce dimanche l’anniversaire.

La Loi garantit la liberté de croire ou de na pas croire, celle de pratiquer la religion de son choix et celle de changer de religion. Une liberté rappelée par Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Ile de France qui abrite la plus forte communauté musulmane du pays, Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation de l’Islam de France, et Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité.

Oui au respect de la loi et des valeurs de la République. Non à une réforme de l’islam impliquant une révision du Coran comme cela est réclamé par des hommes politiques et des intellectuels qui ne mesurent pas le caractère insensé de cette demande.

“Les musulmans ne toucheront pas à un seul verset du Coran, à une seule virgule du Coran”, a martelé Anouar Kebibèche du Rassemblement des musulmans de France.

Alors que le président Macron œuvre à une nouvelle organisation de cette religion, son ministre de l’Intérieur a appelé de son côté les composants du Conseil français du culte musulman à se soustraire “à la politique d’influence conduite par des États étrangers”, à “se délier des ingérences étrangères”.

Pour lui, “l’islam a vocation à être pleinement français”.

À la tribune, les intervenants ne se présentent d’ailleurs pas comme des “musulmans de France”. Mais comme  des “citoyens français de culte musulman”.

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