L’Algérie a officiellement lancé dimanche 30 juillet, les travaux de la première phase de valorisation et d’exploitation du gisement géant de minerai de fer de Gara Djebilet.
L’exploitation de cette mine, qui intervient après de longues années d’attente pose le problème de la viabilité du projet en raison de la présence du phosphore dans le minerai de fer.
« Il s’agit là de l’une des plus grandes mines de fer (à ciel ouvert) dans le monde après celle de Carajas au Brésil avec des réserves qui dépassent de loin les 3,5 milliards de tonnes de fer », selon l’ancien député Smain Kouadria et ex-SG du syndicat du complexe sidérurgique d’El Hadjar dans un texte publié sur son compte Facebook.
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L’ancien cadre du secteur de la métallurgie et de la sidérurgie est revenu, pour TSA, sur le retard qu’a connu le projet d’exploitation du gisement de Gara Djebilet. Il explique qu’il y a une quinzaine d’années, les prix des minerais avaient fortement baissé sur le marché mondial, atteignant 80 dollars la tonne. « Avec ce niveau des prix, l’exploitation du gisement de Gara Djebilet n’était pas rentable », dit-il.
La donne a depuis changé et en mieux puisque les prix ont fortement augmenté. « Au mois de juin, c’est-à-dire il y a deux mois, la tonne coûtait plus de 160 dollars la tonne », illustre M. Kouadria confirmant que l’exploitation de ce méga gisement est devenue rentable pour l’Algérie.
Le problème du phosphore
Néanmoins, fait remarquer Smain Kouadria, Gara Djebilet se caractérise par la forte teneur en phosphore présent dans le fer. « Un gisement de fer contient toujours des impuretés et des éléments chimiques nuisibles en pourcentage variable selon le gisement (phosphore, calcite, etc.) », a indiqué à TSA l’expert Saïd Beghoul.
Selon lui, il existe des méthodes permettant la séparation et l’extraction de ces éléments afin d’obtenir le fer enrichi. Cependant, a-t-il précisé, l’opération est très énergivore et coûteuse. « Le problème du phosphore est connu et est pris en charge. La séparation magnétique est l’une des techniques qui permette de récupérer l’hématite (fer) et éliminer les autres constituants nuisibles », note-t-il.
Kouadria estime le taux de présence du phosphore dans le fer de la mine de Gara Djebilet à 0,8%. « Pour rendre le minerai exploitable, il faut réduire le taux de phosphore à 0,1% », souligne-t-il.
Pour obtenir un minerai de qualité, une opération dite de déphosphoration est nécessaire. « Une opération largement pratiquée dans la sidérurgie européenne », rassure Smain Kouadria.
L’ex-député rappelle que des expériences ont par le passé été menées mais elles n’ont pas abouti à des taux satisfaisants de déphosphoration.
« Ces essais datent d’il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, la technologie a évolué » et la perspective d’avoir un fer à 0,15% est tout à fait envisageable, poursuit l’ex-cadre en métallurgiste du complexe d’acier d’Annaba.
Selon Smain Kouadria, il existe une technique pour traiter le fer extrait par le moyen du gaz naturel. « Comme l’Algérie est un producteur de gaz naturel, le projet peut être très rentable », relève-t-il.
Toutefois, un expert qui a requis l’anonymat doute de la viabilité du projet en raison justement du taux élevé de phosphore dans le minerai de Gara Djebilet.
Ce gisement présente l’avantage de présenter une forte concentration de fer (60%) et l’inconvénient d’un taux de phosphore élevé (1% contre 0,03% toléré), selon le même expert qui pointe le traitement coûteux et complexe de ce genre de minerai pour extraire du fer, avec très peu de phosphore.