Google, menacé de sanctions financières de la part de l’UE, a présenté mercredi des solutions censées mettre fin à ses pratiques jugées anti-concurrentielles concernant son service de comparaison de prix, qui sera désormais géré de façon indépendante.
Accusé par la Commission européenne d’abuser de sa position dominante dans la recherche en ligne pour favoriser son comparateur de prix « Google Shopping », le géant américain a jusqu’à jeudi pour mettre en oeuvre des solutions. Dans cette affaire, Google a déjà été condamné fin juin à une amende de 2,42 milliards d’euros.
Le groupe a décidé de créer une entité autonome pour « Google Shopping » qui participera désormais, comme tous les autres services de comparaison de prix concurrents sur internet, à des enchères pour pouvoir placer des annonces publicitaires en haut de sa page de recherche.
Concrètement, quand un internaute lancera une recherche dans Google pour un produit, tel un grille-pain ou un frigo, s’affichera tout en haut de la première page une sorte de panneau publicitaire composé au total de dix cases montrant un résultat avec photo et avec le nom du comparateur de prix utilisé. Chacune de ces cases sera mise aux enchères entre les comparateurs de prix.
Selon Google, une douzaine de sites de comparaisons de prix se sont dits prêts pour l’instant à participer à ces enchères. Au total, il y aurait entre 200 et 300 sites en Europe susceptibles d’y prendre part.
« Nous mettons en œuvre un remède pour nous conformer à la récente décision de la Commission européenne », a expliqué un porte-parole de Google, Al Verney, cité dans un communiqué.
« Google Shopping va participer aux enchères à armes égales (avec ses concurrents, ndlr) et va être géré comme s’il était une entité séparée, participant aux enchères de la même façon que les autres », a-t-il ajouté.
Si les solutions offertes par Google sont jugées insatisfaisantes par la Commission européenne, la société est passible d’astreintes pour manquement pouvant aller jusqu’à 5% du chiffre d’affaires moyen réalisé quotidiennement au niveau mondial par Alphabet, la société mère de Google.
L’exécutif européen devra alors constater ce manquement, tout montant étant dû avec effet rétroactif.
Ces sanctions financières s’ajouteraient alors à l’amende record imposée par Bruxelles à Google en juin, dont le géant de l’internet devra s’acquitter quoi qu’il arrive.
« A ce stade il semble que le remède envisagé ne réponde pas à l’injonction de la Commission européenne », a réagi auprès de l’AFP un avocat représentant un comparateur de prix, qui avait porté plainte à Bruxelles.
Thomas Vijne, conseiller juridique de l’organisation FairSearch, regroupant plusieurs plaignants, a de son côté prévenu : « Nous allons surveiller de près si ce remède met fin à l’abus ».
Ce que compte aussi faire la Commission européenne.
La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a indiqué mercredi s’être entourée d’experts, comme le cabinet KPMG, pour mieux contrôler les solutions exposées par le groupe américain. Elle va aussi demander l’avis des concurrents de Google.
« Tous les quatre mois, Google devra présenter un rapport sur la façon dont sont mis en oeuvre les remèdes », a précisé la commissaire. Le premier rapport doit être présenté au début de l’année prochaine.