Tribune. Pour sa deuxième sortie hebdomadaire, Hassan Rabehi, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, a confirmé le grand bien que l’on pensait de lui : arrogant, provocateur et méprisant à l’égard du hirak qui a mis à bas le clan de Oujda (sa ville natale) et qui a chassé son protecteur, Tayeb Belaiz, lui qui a veillé sur sa carrière professionnelle en le parachutant secrétaire général du ministère des affaires étrangères avant de lui mettre le pied à l’étrier du nouveau gouvernement, dont certains membres incarnent bien la survivance du clan.
Jetant de l’huile sur le feu, Rabehi a non seulement invité, de manière maladroite et paternaliste, les professionnels des medias à ne pas tomber dans la désinformation (sic) mais il a eu le culot de soutenir que les ministres, lors de leur déplacement sur le terrain, ne font face « qu’à des groupes isolés et non représentatifs » de la population ! Plus qu’une erreur d’appréciation, venant de la part d’un néophyte, il s’agit là d’une faute politique lourde qui démontre tout le mépris qu’il voue à cette révolution tranquille du peuple algérien.
Le vrai challenge est que M. Rabehi ait le courage d’annoncer un déplacement sur le territoire de n’importe quelle wilaya du pays, pour qu’il puisse apprécier in situ la qualité de l’accueil qui lui sera réservé et il aura ainsi le loisir de constater si « ces individus » sont vraiment représentatifs du soulèvement unitaire du peuple algérien contre l’autocratie et cette gouvernance autoritaire et méprisante dont il semble être un pur produit.
Pérorant, avec une satisfaction non dissimulée sur la tant espérée hausse du cours du pétrole et sur l’insignifiance de la dette extérieure, le ministre oublie, bien entendu, d’évoquer la bombe à retardement de la dette intérieure et les conséquences funestes du recours suicidaire à la planche à billet et ses inévitables effets inflationnistes, option qui vient, d’ailleurs, d’être reniée par la banque d’Algérie.
Pour le reste de son intervention, ou il est paru crispé et sur la défensive, le ministre s’est cantonné dans le déni de la réalité comme pour les dépassements policiers ou a carrément fait preuve d’un amateurisme déroutant comme lorsqu’il a osé qualifier de « politiquement illégitime » la prise de position de certains présidents d’APC vis-à-vis de la problématique des élections du 4 juillet.
Un porte-parole du gouvernement, digne de ce nom, ne peut pas s’aventurer dans ce périmètre mouvant de l’appréciation « politique » et il aurait dû s’en tenir au simple rappel des dispositions légales et réglementaires qui régissent le fonctionnement de nos institutions élues au niveau des collectivités locales.
*Tahar Amari est expert en communication