Politique

Gouverner contre son propre peuple

Un vendredi après-midi, en plein ramadan, est un moment propice au repos et à la sieste surtout s’il fait chaud comme ce 10 mai. Mais les Algériens ont décidé de sortir dans la rue, bravant le jeûne et la chaleur. A Alger, les premiers manifestants ont investi la place de la Grande Poste dès les premières heures de la matinée.

Un peu partout à travers le pays, des centaines de milliers de manifestants ont marché pour le 12e vendredi consécutif. Les manifestants ont déjoué tous les pronostics : malgré le ramadan, la mobilisation est toujours aussi forte. Le désir d’un véritable changement, exprimé à travers les slogans scandés et les pancartes brandies, demeure également fort.

Rien ne peut faire reculer les manifestants : ni les manœuvres du pouvoir ni les fausses solutions mises en œuvre jusque-là. Les Algériens savent faire la différence entre un vrai changement démocratique et l’illusion d’un changement.

Aujourd’hui, sans doute plus que les vendredis précédents, le doute n’est plus permis concernant la détermination des Algériens à poursuivre leur mouvement pacifique jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications légitimes.

En face, le pouvoir n’affiche aucune volonté de répondre à ces revendications. Hier, le président de l’APN Moad Bouchareb a organisé une séance de questions au gouvernement. La séance, heureusement boycottée par la grande majorité des députés, s’apparente à une provocation dans la mesure où Moad Bouchareb et les ministres qu’il a accueillis à l’APN sont rejetés par le peuple.

Un peu plus tard dans la journée, Abdelkader Bensalah recevait Noureddine Bedoui pour parler de l’élection présidentielle du 4 juillet, un rendez-vous électoral rejeté par la population.

Certes, le pouvoir continue d’appeler au dialogue mais dans le même temps il ne montre aucune volonté d’avancer sur l’essentiel des revendications du peuple. Bien au contraire, il donne l’impression de chercher à gagner du temps pour imposer sa « solution ».

Vouloir imposer une élection présidentielle dont la gestion est confiée à une équipe qui symbolise les dérives du régime, c’est faire le choix de gouverner contre son propre peuple, avec tous les dangers qu’un tel choix comporte. Il n’existe aucun exemple de pays prospère et stable, dirigé par un régime rejeté par son peuple. Et l’Algérie l’a déjà expérimenté depuis l’indépendance, avec les résultats qu’on sait.

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