L’état d’avancement et le déroulement de la grande campagne de vaccination contre le covid-19, lancée par l’Algérie samedi 4 septembre, ne rassurent pas les soignants.
« Je fais partie des gens qui ont appelé dès le mois de février-mars à une véritable campagne de vaccination soutenue par une campagne de sensibilisation. Malheureusement, cela n’a pas été fait. La campagne a été réduite à quelques spots publicitaires à la télévision sachant que très peu de gens regardent la télé », critique le Pr Mostefa Khiati, président de la Forem.
Selon lui, l’impact de la sensibilisation via les chaînes TV n’a pas eu d’effet.
« Il faut une véritable campagne de sensibilisation, agressive s’il le faut. Cela en mobilisant toutes les personnes qui ont une influence sur la population : sportifs, musiciens, etc. », plaide le président de la Forem.
« Malheureusement, la campagne de vaccination n’a pas eu lieu au moment où il le fallait, c’est-à-dire au moment où il y a eu un début d’engouement pour la vaccination », fait-il remarquer, ajoutant que cette période a coïncidé avec une pénurie de doses des vaccins utilisés en Algérie.
« Chose tout à fait compréhensible vu la tension sur le marché » mondial des vaccins, note le Pr Khiati.
La grande campagne de vaccination lancée le 4 septembre survient en pleine rentrée sociale. Pour le Pr Khiati « c’est une bonne chose, encore fallait-il la faire précéder de campagnes de sensibilisation. Il s’est trouvé que cette campagne est arrivée en amont d’une décrue de la pandémie de covid, c’est-à-dire au moment où les gens pensent que la maladie va partir et auquel cas ils n’ont pas besoin de se faire vacciner », fait observer le spécialiste qui se montre très critique sur la méthode suivie en matière de conduite de la campagne de vaccination.
« Le ministère de la Santé ne s’investit pas suffisamment »
« Malgré le fait que la campagne de vaccination soit exceptionnelle, du point de la mobilisation, on a l’impression que pour le ministère de la Santé il s’agissait d’une simple routine. Il (ministère de la Santé, NDLR) ne s’investit pas suffisamment », pointe-t-il.
Le président du conseil de l’Ordre des médecins ne dit pas autre chose. « Une campagne de vaccination se prépare d’abord logistiquement », avance le Dr Mohamed Bekkat Berkani. « Les gens ont peur du vaccin, parce que les fake news ont surclassé » les aspects positifs de la vaccination, regrette-t-il, mettant en garde contre la rumeur.
Pour la contrer et amener les gens à se vacciner contre le covid-19, le Dr Bekkat Berkani préconise de s’appuyer sur la société civile « représentative » mais aussi sur des personnalités notamment du monde sportif pour prêcher la bonne parole et tenter de convaincre le plus de gens à adhérer à la campagne de vaccination.
« La sélection nationale de football a disputé deux matchs des éliminatoires pour le Mondial 2022 (contre Djibouti le 2 septembre et le Burkina Faso le 7 septembre). Nous avons eu la chance de faire appel à Mahrez et ses coéquipiers pour animer un débat sur les plateaux télé pour vanter les vertus de la vaccination », regrette le Dr Bekkat Berkani. Les quelques spots réalisés par des joueurs de l’EN ne suffisent pas pour créer de l’intérêt à la vaccination chez les Algériens, estime le praticien.
A la veille de la rentrée scolaire, le président de l’ordre des médecins redoute une 4e vague de la pandémie de covid-19 à cause des températures douces de l’automne et de la promiscuité, etc.
La campagne nationale destinée à vacciner le maximum de personnes a été prorogée d’une semaine, a annoncé le ministère de la Santé. « Il faudra augmenter la communication notamment vis-à-vis des récalcitrants qui ne croient pas (au vaccin) et qui sont sensibles aux fake news », suggère le Dr Bekkat Berkani.
Selon le ministère de la Santé, un million de personnes ont été vaccinées entre le 4 et le 9 septembre.