Le président du Conseil de l’ordre des médecins libéraux, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, revient dans cet entretien sur la grande campagne de vaccination contre le covid-19 que l’Algérie va lancer le 4 septembre.
S’il estime que l’idée est bonne, le Dr Bekkat Berkani conditionne sa réussite par une préparation préalable et une organisation sans faille.
L’Algérie va lancer une grande campagne de vaccination anti-covid samedi 4 septembre. Que pensez-vous de cette démarche ?
Plus la vaccination est massive, plus elle est intéressante. Si vous vaccinez quelques-uns, le virus continuera à circuler encore. Il faut vacciner un maximum de personnes en même temps.
La démarche est intéressante dans la mesure où il semblerait qu’il y ait beaucoup d’intervenants en même temps. On parle de la participation de beaucoup de structures qu’elles soient publiques ou privées, de véhicules, de cabinets médicaux et de pharmacies.
Que faut-il faire pour réussir cette campagne ?
Personnellement, j’ai dit qu’il faut une tempête de communication. Il faut convaincre les Algériens de la nécessité de la vaccination.
Et ce à travers un langage simple ou par la focalisation sur les complications de la maladie. On peut expliquer qu’une personne vaccinée peut faire un covid léger. Mais la majorité des gens qui ne se vaccinent pas ce sont eux qui meurent de complications.
La communication doit être agressive, c’est important. Les fake news selon lesquelles les vaccins seraient nocifs à long terme ont malheureusement fait leur effet.
Il faut que des personnalités connues et qui ont un certain crédit au sein de la population montent au créneau.
Par exemple, nous avons la chance d’organiser un match de football important de l’Équipe nationale (jeudi 2 septembre face à Djibouti, ndlr), on pourrait penser à réaliser un spot de communication dans lequel les joueurs et les membres du staff technique passent pour encourager les citoyens à se faire vacciner. Chacun à son niveau, on doit mettre l’accent sur l’intérêt de la vaccination.
Qu’en est-il de l’implication des médecins libéraux dans cette vaste campagne de vaccination contre le covid-19 que l’Algérie s’apprête à lancer ?
Le Conseil s’occupe de déontologie. C’est une sorte de tribunal pour médecins dans l’exercice normal de la profession. Il y a un syndicat de la médecine libérale qui a pris l’engagement d’intéresser les collègues à adhérer à cette campagne de vaccination massive.
Mais encore faut-il que sur le terrain cela se traduise par un véritable engouement. Personnellement je suis médecin installé mais personne n’est venu me voir ou me téléphoner pour me dire si j’avais besoin de doses, etc.
Il faut éviter les vœux pieux. Comme d’annoncer que les médecins libéraux peuvent vacciner et puis rien. Moi je voudrais savoir combien de pharmaciens ont commencé à vacciner.
Les médecins libéraux doivent savoir quelles sont les dispositions et où peuvent-ils se procurer le vaccin ? Encore faut-il qu’ils acceptent, car l’acte de vaccination est volontariste.
Pour autant, a-t-on prévu des doses suffisantes pour une vaccination massive ?
Je pense que le nombre de doses qui sont arrivées de façon itérative est suffisant pour une campagne. Maintenant on ne peut préjuger de la réaction et de l’engouement du public.
Encore une fois, une telle campagne nécessite une préparation préalable. Ce n’est pas par des déclarations publiques en disant qu’on a reçu le syndicat de la médecine libérale qui est d’accord. Sur le terrain, comment va-t-on s’y prendre ?
Qui fait quoi, comment et à partir de quand ? Toute campagne vaccinale se prépare telle une campagne militaire. Ce n’est que de cette façon qu’on pourra avoir un maximum d’efficacité.
Les contours de cette campagne ne sont donc pas tout à fait clairs ?
Si l’idée est bonne et si les intentions sont bonnes, il faudrait que la préparation soit à la hauteur de l’effet escompté, à savoir vacciner le maximum de personnes.
La direction de la santé de wilaya a un rôle important à jouer. Elle peut appeler les gens ou leur envoyer des mails pour les sonder s’ils sont intéressés de se faire vacciner, et dans le cas d’une approbation leur dire voilà ce qu’il faut faire…