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Grave tension sur les prix du blé dur : le plat national menacé

Grave tension sur les prix du blé dur : le plat national menacé

Temps dur pour les importateurs algériens de céréales. Aux incertitudes sur le niveau de récolte du blé russe et de la qualité des blés français, vient s’ajouter l’annonce d’une baisse de la production de blé dur canadien.

Le marché international du blé dur est particulièrement étroit, il est donc sensible à la hausse des prix. Du fait du niveau élevé de ses achats, l’Algérie constitue une exception.

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Une production mondiale de blé dur en baisse

Le Canada, premier producteur mondial de cette céréale, a connu « un dôme de chaleur » qui a réduit la production de blé dur. Alors que la récolte est en cours, il faudrait s’attendre à une baisse de 4,2 millions de tonnes sur la moyenne des 5 dernières années ce qui représente 32 % de blé en moins.

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À cela sont venues s’ajouter les inondations en Europe. La production européenne est de 7,3 millions de tonnes pour un besoin de 9,5 tonnes. Cités par BFM Business, les pastiers et semouliers français indiquent que les pluies abondantes en France pendant la floraison et la moisson « réduisent fortement le potentiel utilisable du blé dur français pour faire des pâtes alimentaires« .

De son côté, le site agricole Terre-Net indique que le rendement des blés durs est globalement bon mais avec une forte hétérogénéité. Il confirme que « l’indice de chute de Hagberg a été dégradé dans certaines régions à cause des conditions pluvieuses en fin de cycle« .

Cet indice rend compte du taux de germination du blé sur pied. En la matière, il n’est pas possible de faire des mélanges de blés de différentes origines pour améliorer cet indice. Face à des « stocks historiquement bas » les professionnels français alertent sur une pénurie de blé dur à venir. Depuis la mi-juillet, on a observé une augmentation historique de 30 % des prix.

Une récolte locale mitigée

En Algérie, les premières estimations concernant la production locale de blé dur indiquent une baisse liée à la sécheresse, notamment à l’Ouest du pays. Les services agricoles misent sur l’accroissement de la production sous pivot d’irrigation au sud et d’irrigation de complément au nord. Le ministère de l’Agriculture table sur une production de 71 millions de quintaux d’ici à 2024, dont 10 % devrait être produits dans le sud.

Pour l’agroéconomiste Ali Daoud, qui s’exprimait récemment sur la Chaîne III, l’irrigation d’appoint pourrait constituer un volant de sécurité. Dans le sud, face à l’augmentation du prix de leurs charges, des producteurs réclament une hausse des prix du blé dur acheté par l’Office algérien des céréales (OAIC).

La dernière hausse remonte à 2008, avec 4 500 DA par quintal contre 3 500 DA le quintal pour le blé tendre. Les producteurs de maïs-grain ont vu leurs revendications acceptées. Le prix du quintal est passé de 4 500 DA à 5 000 DA.

Depuis plusieurs années, la consommation du blé dur est en baisse en Algérie. Elle est remplacée par celle de la baguette parisienne à base de farine blanche issue du blé tendre. La baguette de pain détrône ainsi la consommation du plat national, le couscous. Autre tendance, la consommation de pommes de terre fait aujourd’hui jeu égal avec celle de céréales.

Cependant, chaque année, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) doit importer des quantités de blé dur au prix fort. En moyenne, l’importation de 2 quintaux de blé dur correspond à celle de 3 quintaux de blé tendre. Aussi, en cas de restrictions budgétaires, la filière locale de blé dur pourrait faire l’objet de douloureux arbitrages au profit du blé tendre. La production de pâtes alimentaires et de couscous fabriqués à partir de blé dur pourrait en souffrir.

Pénurie de pâtes en perspective

En France, François Rouilly, directeur général de Panzani, anticipe une pénurie de blé dur pour la fabrication de pâtes. « Nous avons un risque de pénurie de pâtes au niveau mondial« , a-t-il dit sur BFM Business.  « Il va manquer à peu près 2 millions de tonnes » de blé dur sur le marché mondial, a-t-il expliqué.

Afin de réduire la facture des importations de céréales, plusieurs alternatives s’offrent aux pouvoirs publics. L’OAIC est ainsi de plus en plus tenté par les blés de la mer Noire dont le blé russe.

Récemment, le monopole public d’importation de céréales a revu à la baisse son cahier des charges concernant les blés punaisés. Une révision du soutien des prix serait à l’étude, il pourrait être aligné selon le revenu des ménages.

L’Égypte a, par exemple instauré la délivrance du pain subventionné, à la possession d’une carte à puces par les ménages à faible revenu.

En Algérie, c’est la farine blanche qui est actuellement subventionnée. Or, une farine semi-complète avec incorporation d’une plus grande quantité d’issues de meunerie, notamment de son, pourrait augmenter les volumes de farine délivrés aux boulangeries pour une même quantité de blé importé.

De tels arbitrages sont d’autant plus nécessaires que la récente flambée du prix du blé tendre qui a suivi celle du prix de l’orge sur le marché informel, indique qu’une partie des importations de blé tendre (164 milliards de dinars) destiné à la fabrication du pain est détournée vers l’élevage des moutons.

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