Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a défendu lundi une vente d’armes controversée à l’Arabie saoudite, dont Amnesty international a demandé l’abandon en raison de l’engagement de Ryad dans le conflit au Yémen.
M. Tsipras a déclaré lors d’un débat devant le Parlement qu’il n’y avait rien d’inapproprié dans cette vente, que les partis d’opposition ont qualifiée de mal conçue et dont le sort est actuellement incertain.
Le Premier ministre, dont le parti de gauche radicale Syriza est assez largement pacifiste, a même qualifié la vente « d’accord bénéfique pour l’Etat grec », alors qu’on lui demandait si elle serait abandonnée.
Il a qualifié les attaques contre cette transaction de « fabrication destinée à désorienter l’opinion publique », ajoutant que le principal parti d’opposition, Nouvelle Démocratie (ND, droite conservatrice), devrait même « s’excuser » auprès du ministère de la Défense.
Les députés de l’opposition estiment que l’accord de vente a été bâclé et a coûté 66 millions d’euros à la Grèce, celle-ci n’ayant toujours pas été payée.
La vente a été critiquée aussi par des membres de Syriza.
Le ministre de la Défense Panos Kammenos, allié de droite souverainiste de M. Tsipras, qui a besoin de ses neuf députés pour atteindre une majorité au Parlement, est particulièrement sur la sellette dans cette affaire.
Son ministère a publié un document montrant qu’il avait accepté en juin de vendre 300.000 obus pour 66 millions d’euros à un Grec qui se présentait comme un représentant de l’Arabie saoudite.
« Nous avons conclu un accord pour vendre des munitions périmées qui allaient être détruites », a assuré M. Kammenos lundi. « Et nous essaierons de le refaire, non pas à des terroristes, mais aux pays avec lesquels nous sommes sur la même ligne, comme l’Arabie saoudite et l’Egypte », a-t-il déclaré.
Amnesty International, dont la branche grecque est dirigée par l’ancien porte-parole de M. Tsipras, a observé que la Grèce avait ratifié en 2016 le Traité sur le commerce des armes, en s’engageant à ne pas vendre d’armes susceptibles de violer le droit international.
Plus de 8.750 personnes ont été tuées dans le conflit au Yémen ces dernières années.
Lors du débat lundi, le dirigeant de ND Kyriakos Mitsotakis a estimé que M. Tsipras était « victime d’un chantage » de la part de M. Kammenos dans ce qu’il a qualifié de « vente scandaleuse ».
L’opposition a également accusé M. Kammenos d’avoir essayé d’enterrer l’affaire en mutant l’officier qui avait supervisé la vente.
Un député de l’opposition a également été menacé de poursuites après avoir soumis au parlement des documents qui, aux yeux du gouvernement, sont couverts par le secret-défense.