La grève des magistrats est largement suivie, ce dimanche 27 octobre, à travers le pays. Les magistrats ont massivement adhéré au moment d’ordre de grève générale illimitée lancé hier samedi par le président du Syndicat national des magistrats (SNM).
Les tribunaux et les cours de justice du pays ont vu toutes les activités gelées. Le SNM évalue le taux de suivi à 96%.
A Alger, le tribunal de Sidi M’hamed, le plus important du pays, est paralysé par le mouvement de grève, a constaté notre journaliste sur place. Toutes les audiences ont été reportées, ont indiqué des avocats rencontrés sur place.
Les magistrats contestent le dernier mouvement opéré le 24 octobre par le ministre de la Justice. Un mouvement qui a touché près de 3 000 magistrats sur un ensemble de 6 000. Les juges déplorent également la mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire, et appellent par conséquent à l’indépendance de la justice.
Selon nos informations, le ministre de la Justice aurait introduit, ce dimanche, un référé d’heure-à-heure devant le tribunal administratif d’Alger pour demander à déclarer la grève illégale. Une requête à laquelle le tribunal administratif aurait opposé une fin de non-recevoir. Selon la même source, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) devait se réunir « en urgence », ce matin, pour « démentir les déclarations du ministre selon lesquelles le mouvement opéré dans le corps des magistrats a été fait en concertation et avec l’aval du Conseil ».
La grève des magistrats n’a pas été sans conséquences sur les justiciables. Exemple : des manifestants arrêtés après la marche des avocats, jeudi 24 octobre à Alger, se trouvent toujours au niveau du tribunal de Sidi M’hamed, déplore le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). « Ils sont placés en garde à vue depuis jeudi au commissariat de Cavaignac et devaient être présentés devant le procureur du tribunal de Sidi M’hamed, mais actuellement avec la grève des magistrats ces citoyens, au nombre de 4 personnes, arrêtés à la fin de la marche et un autre groupe en ce moment au nombre dépassant 20 personnes, sont toujours au 2e étage du tribunal », précise le CNLD dans un communiqué sur sa page Facebook.
« Quel sera le sort de ces personnes arrêtées : seront-elles maintenues en garde à vue au-delà des 48 heures légales, seront-elles relâchées ou bien seront-elles placées en mandat de dépôt malgré la grève des magistrats ? », s’interroge le Comité.