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Guerre de mots entre Londres et Moscou

Guerre de mots entre Londres et Moscou

Presque trois semaines après la tentative d’empoisonnement d’un ancien agent double russe et de sa fille au Royaume-Uni, les tensions se sont accentuées d’un cran mercredi 21 mars entre Moscou et Londres.

Au cours d’une réunion qui se déroulait au parlement britannique avec le comité restreint des affaires étrangères, un député travailliste, Ian Austin, a suggéré que son pays boycotte la Coupe du monde de football et estimé que Vladimir Poutine allait se servir du Mondial « comme Hitler a utilisé les Jeux olympiques de 1936 ».

« Je pense que votre description de ce qui va se passer à Moscou (…) est certainement juste », a alors répondu Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique.

La comparaison avec l’Allemagne nazie a provoqué l’ire de Moscou. « C’est une déclaration ignoble, indigne du ministre des Affaires étrangères de ce pays ou de n’importe quel pays », a fait savoir ce jeudi le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, pendant un point presse téléphonique, selon Reuters.

La veille, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, avait indiqué que « de tels parallèles » étaient « inadmissibles et indignes d’un chef de la diplomatie d’un État européen », ajoutant qu’il était « effrayant de se dire que cette personne (Boris Johnson, NDLR) représente le leadership politique d’une puissance nucléaire ».

Le chef de la diplomatie britannique a également estimé que la Russie souffre « d’un sentiment d’amertume et de revanche depuis la fin de la guerre froide », conduisant le président russe « à vouloir semer le trouble là où il le peut ».

Alors que la Russie clame depuis le début de l’affaire son innocence, elle a de nouveau déploré ce jeudi l’absence de collaboration des autorités britanniques. « Nous constatons toujours le refus de la Grande-Bretagne de coopérer véritablement en vue de la résolution de cet incident et en vue d’établir qui se tient réellement derrière cet empoisonnement », a poursuivi M. Peskov jeudi, selon l’AFP.

Les ambassadeurs britannique, français et américain ont de leur côté boycotté une réunion qui se déroulait hier au ministère des Affaires étrangères à Moscou pour écouter la position russe dans cette affaire. Selon le journal britannique The Guardian, au cours de cette réunion, de hauts responsables diplomatiques et militaires russes ont accusé Londres de cacher et d’envisager de détruire des éléments de preuve dans le cadre de l’enquête sur l’usage d’un agent neurotoxique.

La semaine dernière, le gouvernement britannique a annoncé l’expulsion de 23 diplomates russes – des agents de renseignement sous couverture- et le gel des relations bilatérales. Dans la foulée, Moscou a expulsé à son tour 23 diplomates britanniques et mis fin aux activités du British Council dans le pays. La Première ministre britannique, Theresa May, a dit « réfléchir activement » à d’autres sanctions.

En outre, la réponse des Européens à la tentative d’assassinat des cet ex-agent double russe doit être discutée jeudi et vendredi en marge du Conseil européen à Bruxelles.

Toutefois, on constate déjà des divergences d’appréciation dans la posture à tenir face à la Russie et aux éventuelles sanctions à envisager. Alors que le président du Conseil européen Donald Tusk a indiqué qu’il n’était « pas d’humeur à célébrer l’élection de Poutine », le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a de son côté adressé une lettre de félicitations au président russe réélu dimanche dernier.

Au cours d’un entretien téléphonique mercredi, les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Donald Trump, ont quant à eux « échangé au sujet de la tentative d’assassinat par emploi d’une arme chimique contre Sergueï et Loulia Skripal à Salisbury et ont partagé le constat qu’il n’y a pas d’autre explication plausible que la responsabilité de la Russie », indique un communiqué de l’Élysée diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi.

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