Politique

Guerre des masques : l’Algérie “peut compter” sur son amitié avec la Chine

La pandémie du coronavirus Covid-19 a induit une très forte demande et une rareté de l’offre des équipements médicaux sur les marchés internationaux, notamment les respirateurs artificiels et les masques de protection.

Lundi à Blida, le ministre de la Santé a dit que le déblocage d’enveloppes financières ne signifiait pas forcément la garantie du matériel que s’arrachent tous les pays de la planète, même les moins touchés par la pandémie du coronavirus. Il répondait ainsi aux médecins de Blida qui réclamaient plus de moyens.

Le ministre avait cité l’exemple de la France qui a commandé auprès des fabricants chinois plus d’un milliard de masques, nécessitant la mise en place d’un pont aérien pour les transporter.

Quelques jours plus tard, la presse du monde entier rapportait le détournement d’un lot de masques destinés à la France, rachetés sur tarmac même de l’aéroport par des acheteurs américains.

Les États-Unis ont démenti avoir détourné des masques destinées à la France, mais à peine cet épisode passé, que l’Allemagne accusait à son tour les Américains de leur “confisqué” une commande de 200000 masques en Thaïlande.

Hier, le président américain Donald Trump a dit qu’il ferait tout pour fournir en masques les Américains. “Nous avons besoin de ces masques. Nous ne voulons pas que d’autres personnes les obtiennent”, a-t-il averti, après avoir décidé d’interdire l’exportation des masques produits aux États-Unis. Pour le premier ministre du Québec (Canada), François Legault, la guerre entre États pour la mainmise sur le matériel médical comme les masques N95 sera « dure », rapporte le quotidien canadien La Presse.

« Ça va être une guerre dure. Les pays qui fabriquent des équipements vont vouloir les garder pour leurs citoyens », a réagi M. Legault.

En un mot, il est difficile de se procurer des équipements de lutte contre le coronavirus même quand on est prêt à les payer plus cher et cash.

« Toute la planète cherche à se procurer auprès de la Chine des masques de protection pour freiner la propagation du Covid-19. La rivalité entre pays occidentaux, mal préparés à la pandémie, est vive. C’est la grande cohue aux portes des ­usines chinoises, auprès desquelles toute la planète cherche à se procurer des masques de protection pour freiner la propagation du Covid-19. Dans cette foire d’empoigne se font concurrence les États entre eux, mais aussi les collectivités locales et les entreprises. Le tout dans l’urgence, car chacun est confronté à la pénurie et à des opinions publiques abasourdies par le manque d’anticipation de leurs dirigeants, et ce alors que l’essentiel du trafic aérien à destination de la Chine a été supprimé », écrit ce samedi le journal français le Monde dans un article consacré au sujet.

Dans cette féroce concurrence, l’Algérie peut-elle compter sur ses relations privilégiées avec la Chine pour s’approvisionner sans difficulté ? « Oui, répond une source à l’ambassade de Chine à Alger. La Chine remercie l’Algérie pour sa précieuse aide au début de l’épidémie. Cette fois la chine voudrait bien faire aussi pour aider l’Algérie à lutter contre la propagation du coronavirus. Elle voudrait bien accorder la priorité à des pays amis et frères, dont l’Algérie. »

Le 31 mars, le Premier ministre Abdelaziz Djerad avait, au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue chinois Li Keqiang, sollicité « l’appui des autorités chinoises compétentes dans la facilitation des procédures liées aux opérations d’acquisition et de livraison, auprès des entreprises chinoises et dans un cadre strictement commercial, des différents types de matériels nécessaires à la lutte contre la pandémie et pour lesquelles des commandes ont déjà été effectuées ».

La même source estime que cette doléance a été prise en charge, indiquant que deux avions algériens sont déjà partis en Chine récupérer le matériel commandé. « Je pense que le gouvernement chinois a déjà fait le nécessaire pour accélérer ou faciliter l’achat par le gouvernement algérien auprès d’entreprises chinoises. Deux avions algériens sont déjà partis en Chine pour transporter des commandes de matériel médical auprès d’entreprises chinoises », indique-t-elle.

Cela en dehors, signale la même source, de l’aide directe chinoise pour l’Algérie qui consiste en un premier lot offert par le groupe CSCEC (500 000 masques chirurgicaux, 50 000 masques médicaux de type N95, 2 000 blouses médicales de protection, couvre-visage et gants médicaux, et respirateurs), un autre lot au profit du Croissant rouge algérien et 100 respirateurs offerts par le groupe CRCC qui a notamment participé à la réalisation de l’autoroute est-ouest.

Mardi, le président Abdelmadjid Tebboune s’est félicité de la relation d’amitié existant entre l’Algérie et la Chine et de leurs accords de coopération stratégiques dans plusieurs domaines.

“La Chine est un pays ami très proche et cette amitié ne plait pas à certains”, a déclaré le président Tebboune lors d’une rencontre avec des médias nationaux.

Les deux pays sont liés par une relation de forte amitié remontant à la période de la Guerre de libération et l’Algérie a mené une “bataille acharnée” pour l’adhésion de la Chine à l’Organisation des Nations Unies (ONU), a rappelé le chef de l’État.

Les deux pays font fêter cette année le 62e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. La Chine fut le premier pays non arabe à reconnaître le Gouvernement provisoire de la république algérienne, quelques semaines après sa proclamation en septembre 1958.

“C’est donc tout naturellement que l’Algérie a répondu à l’appel de la Chine en lui envoyant, en février dernier, des aides pour lutter contre la propagation du COVID-19”, a-t-il déclaré.

La Chine et l’Algérie ne partagent pas uniquement une amitié vieille de plus de 61 ans. Depuis quelques années, l’ex-Empire du Milieu est devenu le principal partenaire économique de l’Algérie, et surtout son premier fournisseur en divers produits et services. En 2019, l’Algérie a importé pour 7,65 milliards de dollars de Chine, contre 4,27 milliards de la France et 3,41 milliards d’Italie.

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